Boycott et ballon rond

par | 22 Nov 2022

La Coupe du monde de foot a démarré, elle se joue au Qatar, charmant petit royaume autoritaire pété de thunes. Pêle-mêle les Droits de l’homme, le réchauffement climatique, la corruption au sein de la FIFA, les liens avec l’islamisme etc. font que cette Coupe du monde semble encore plus dégueulasse que la précédente qui se déroulait pourtant en Russie. Bref, les raisons ne manquent pas pour que les appels au boycott se fassent entendre.

Si certains proposent de boycotter indirectement la Coupe du monde en ne regardant pas les matchs à la télé, quelques maires annoncent qu’ils ne la diffuseront pas sur des écrans géants; et des gérants de bar ou restaurant feront de même dans leur établissement. Or le boycott le plus visible ne pouvait venir que des participants (joueurs, spectateurs, médias, sponsors). Là se pose un problème quand le club de Paris et la chaîne beIN appartiennent aux Qataris. Nous pourrions y voir une certaine hypocrisie en étant contre la politique du Qatar uniquement aujourd’hui alors qu’hier ça ne dérangeait personne. Cependant, comme on dit dans les pays libres, mieux vaut tard que jamais, et gueuler aujourd’hui c’est déjà ça de pris.

En France, le Président de la République et le capitaine de l’équipe de France ont exprimé leur sentiment au sujet du boycott: Si le premier a déclaré que c’était au moment de l’attribution de la Coupe qu’il aurait fallu protester; le second a exprimé son refus de porter un brassard au couleur de l’arc-en-ciel avec l’inscription «One Love» pour marquer le soutien de l’équipe en faveur des droits des personnes LGBT. Il a ajouté qu’il fallait «respecter» la culture du pays organisateur. Notons que 7 équipes ont renoncé à la dernière minute à porter ce brassard par peur des sanctions de la FIFA, en gros prendre un carton jaune. On ne badine pas avec l’honneur au foot.

Si les joueurs de l’Iran ont refusé courageusement de chanter leur hymne national en soutien aux manifestants de leur pays, le cas du capitaine de l’équipe de France, Hugo Lloris, n’en est qu’encore plus pathétique. Voici un garçon millionnaire qui se voit pour la première fois de sa vie devant la possibilité de donner un sens à ce que l’on nomme «les valeurs du sport». Mais lui, le représentant en short de l’équipe du pays des Droits de l’homme, préfère parler de respect envers un régime totalitaire. Pourtant, en cherchant bien, on n’arrive pas à comprendre en quoi le régime du Qatar est respectable ni ce qu’il pourrait y avoir de «culturel» dans les discriminations.   

Lorsque les JO et la Coupe du monde décident d’aller jouer dans les dictatures, ils donnent comme argument qu’en sport «on ne fait pas de politique». C’est rigolo mais c’est complètement faux puisque la FIFA comme le Comité olympique font la pire des politiques, la plus méprisable: celle qui consiste à promouvoir les régimes totalitaires qui comptent sur le sport pour s’acheter une respectabilité. Entre lâcheté et complicité, c’est vrai que le foot est un bel exemple pour la jeunesse.  

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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