J’aime le football. Pas que je m’y connaisse énormément mais enfin personne ne peut me dénier ce plaisir – pas même les sachants qui collectionnent les vignettes panini et ramènent leur fraise à chaque obscure rencontre d’un club de Ligue 2. C’est donc contre mon penchant naturel que j’ai décidé de boycotter la Coupe du monde au Qatar. Mais, étant moi-même supportrice du PSG, je m’abstiendrai, toutefois, de faire la leçon à quelque fan que ce soit. À moins que l’on vienne me chercher des noises.
Car, il est hors de question de laisser s’insinuer cette petite musique que l’on nous joue depuis plusieurs semaines : non, le boycott n’est pas un luxe de petit bourgeois déconnecté des préoccupations des supporters de base ; non, l’intérêt porté à la situation des travailleurs sur place ne date pas d’hier. À ceux qui diront le contraire – sans doute pour mieux se rassurer sur leur propre intégrité –, je rappelle que l’attribution de la Coupe du monde à ce petit pays du Golfe, dirigé par des fondamentalistes islamistes, indignait déjà en 2010. Que, depuis, moult reportages ont décrit les conditions de travail des ouvriers, pour la plupart des immigrés à qui l’on a confisqué leurs passeports pour mieux les faire trimer sur les chantiers – bilan provisoire : 6 750 morts.
Outre l’aberration écologique, souvenons-nous également que le facteur chaleur était un tel frein pour la Fifa qu’il a fallu, dès 2010, faire le choix de déplacer la compétition en hiver quand celle-ci s’était depuis toujours tenue en été. Que les mondiaux d’athlétisme, en 2019, qui se sont aussi déroulés à Doha, ont été une catastrophe pour nos athlètes, obligés de s’entraîner dans leurs hôtels plutôt qu’en extérieur, certains tombant carrément dans les vapes en pleine performance tant la chaleur était harassante malgré la surclimatisations des stades.
Non, le monde ne s’est pas réveillé il y a un mois pour pointer du doigt ce délire footballistique. C’est pourquoi voir et entendre les plus ardents défenseurs de ce Mondial – ou ses plus mous opposants – tenter de retourner la situation à leur avantage, s’érigeant en « vrais défenseurs du petit peuple » qui aime la fête et la bière – comble de l’ironie puisque les Qataris interdisent in fine la consommation d’alcool au public lambda – contre les bobos parisiens qui s’achèteraient une bonne conscience pour pas cher, est proprement dégueulasse. Car personne ne devrait avoir à se justifier de boycotter. D’autant plus quand on ne demande aucune justification à ceux qui, au contraire, regarderont sans scrupules nos Bleus se planter en beauté.
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