Coco contre les salauds

9 ans après l’attentat contre Charlie Hebdo, nous pourrions reprendre les mots de Mano Solo, fils de Cabu, pour nous questionner : « n’avons-nous vraiment rien à apprendre de tous ces gens qui se sont fait descendre ? » Force est de constater que la réponse est « que dalle » !

Coco, dessinatrice pour Charlie Hebdo et Libération, reçoit des menaces de mort après la parution d’un dessin. Certes, ce n’est pas nouveau puisque les dessinateurs de Charlie Hebdo reçoivent constamment des menaces de mort, et ce depuis la reparution du journal le 14 janvier 2015 avec Mahomet tenant la pancarte « Je suis Charlie ».
Les menaces, arrivant avec plus ou moins d’intensité selon le sujet abordé, ont presque toujours une sentence que l’on pourrait résumer par « dommage que les Kouachi n’aient pas fini le boulot ».
On passera sur l’ignominie qui consiste à dire à une personne, qui a survécu à un attentat, qu’on lui en souhaite un nouveau. Mais vous connaissez les cons, ils aiment prouver à quel point ils le sont.

Le dessin en question a pour titre « Ramadan à Gaza », et un sous-titre « début d’un mois de jeûne ».
On y voit des bâtiments en ruines, et une personne ensevelit sous les gravats.
Au premier plan : une mère et ses deux enfants victimes de la famine.
Un de enfants court après des rongeurs pour se nourrir mais la mère lui dit : « pas avant le coucher du soleil ! »
Résultat, c’est un dessin satirique dénonçant la famine à Gaza tout en relevant l’absurdité d’un dogme religieux qui t’ordonne de jeûner quand tu crèves de faim.
Même si le dessin n’était pas aussi limpide et inattaquable, rien ne justifierait des appels à tuer un dessinateur.

Cette fois-ci, la petite nouveauté c’est que les menaces de mort se trouvent être confortées par des députés de La France Insoumise, et notamment par Sophia Chikirou qui adressa à Coco ce message lapidaire : « vous n’aurez pas notre haine mais vous la méritez ».
Comment ne pas avoir une pensée émue pour la famille et les amis de Charb qui doivent régulièrement dégueuler toute leur bile en se rappelant qu’ils ont offert à Jean-Luc Mélenchon l’honneur de faire l’oraison funèbre du dessinateur assassiné le 7 janvier 2015 ?

Quand Chikirou écrit « notre haine » que Coco mériterait, on peut légitimement se demander qui est ce « nous » ? Et si dans ce « nous », certains n’auraient pas envie de passer à l’acte ?
Coco est, avec Riss, la personnalité la plus médiatique associée à Charlie Hebdo. La jeter en pâture sur un sujet qui fait écho au terrorisme islamiste, c’est se rendre complice des menaces, intimidations, et plus globalement de l’insécurité permanente qui pourrie la vie de Coco au quotidien. C’est abject. C’est indigne.

En ce qui me concerne, Sophia Chikirou mérite ma haine, mon mépris et mon dégoût : et elle les a !
J’espère simplement que Sophia Chikirou vous aura définitivement convaincu de ne jamais voter pour la France Insoumise.