De toute part les annonces des Cassandre des temps modernes présagent le pire pour la saison hivernale. Inflation, pénurie énergétique, coupures d’électricité, le tout saupoudrée de froid intense,… un bon retour à l’an 1931 en perspective – en exagérant (un peu). Mais qu’y a-t-il de plus apaisant que d’imaginer un retour dans sa petite chambre, glacée, avec l’idée de se mettre au lit ou sous une couverture, une boisson très chaude entre les mains ? Chaque retour chez moi, depuis quelques temps, est vécu comme une incursion dans des temps révolus. Voici la scène.
Il est 22 heures ou 22 heures 30. Je rentre chez moi un peu avinée. Un documentaire, une série, un film m’attend, sagement téléchargé en amont sur mon ordinateur. À moins que je n’aie préféré me détendre livre en mains. À manger ? Tout ce qui vous plaira, pourvu que cela soit bourratif et pas très raffiné. Une tasse de thé, un chocolat, un café… le tout bu sous une chaude couverture ou bien, carrément, au lit, avant de sombrer dans les bras – et draps ! – de Morphée. L’électricité coûte trop cher pour s’éclairer ? Qu’à cela ne tienne. Des bougies placées dans un photophore donneront une touche de chaleur à la pièce blanche et inhospitalière que vous appelez votre « chez-vous ». Ajoutez un chat ou un chien pour compléter le tableau.
Une image d’Épinal bien peu réaliste, penserez-vous. En vérité, réfléchissez, en votre âme et conscience, à l’utilité réelle des derniers objets dont vous avez fait l’acquisition. Le grille-pain spécial petit-dej’ que vous désiriez tant à Noël dernier sert-il en-dehors de votre frénésie annuelle de toasts ? Le micro-ondes, béaba de tout logement qui se respecte, vous permet-il de manger à votre faim, au regard des portions de lilliputiens des plats Picards, aussi onéreux que 4 ou 5 paquets de pâtes Panzani ? Votre chauffage vous chauffe-t-il encore tant vous êtes habitués à cette douce apesanteur au contact de la peau ? On apprécie les choses que lorsque l’on en est privé. Gageons que cette période saura, sinon nous faire aimer la vie austère, du moins nous faire prendre conscience de son caractère tout à fait supportable. Car, si certains souffriront, évidemment, de cette période de sobriété – certains même en mourront –, la majorité comprendra surtout la futilité de son existence passée (antérieure à la crise, j’entends. Alors, seulement, nous dirigerons-nous vers la sauvegarde de notre espèce, engourdie de trop de privilèges faciles.
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