Jordan Bardella à l’épreuve du feu

par | 7 Nov 2023

« Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite. » Voilà donc l’analyse. Invité de BFMTV dimanche 5 novembre, le jeune président du Rassemblement national a gaffé – c’est le moins que l’on puisse dire. Et n’a pas cru bon de rectifier. Bonne chance aux futurs « clients » frontistes des plateaux télé pour se dépêtrer d’un constat ô combien discutable.

La séquence est d’autant plus embarrassante à l’heure où le très proche ami et vice-président de Bardella, le maire de Fréjus David Rachline, est mis en cause par Camille Vigogne Le Coat, grand reporter à L’Obs, dans Les Rapaces (Les Arènes, 20 euros), un livre-enquête – passionnant – sur le système clientéliste que nourrirait l’édile, moyennant passe-droits et grosses sommes. Le nom du grand patron Bardella y est cité, plus d’une fois.

Le dauphin de Marine Le Pen a toujours cru en sa bonne étoile. Élu à 23 ans député européen après avoir mené la liste lepéniste lors de la campagne de 2019, le Drancéen a gravi, quatre à quatre, les échelons du parti pour en prendre sa tête, par intérim d’abord, en 2021, et y être définitivement installé en novembre 2022, plébiscité par 85% des militants du RN face à l’ex-compagnon de « MLP », l’édile de Perpignan Louis Aliot.

Rien n’a semblé, dès lors, obscurcir son horizon politique. Ni les accusations en « droitisme » de Steeve Briois et de Bruno Bilde, dit « clan d’Hénin-Beaumont », ni les piques distillées dans la presse par certaines huiles marinistes et proches de la députée du Pas-de-Calais dont on taira, ici, le nom. Au contraire, encensé de toutes parts, le nom Bardella impressionne jusqu’à l’Élysée. Sa prestation, aux rencontres de Saint-Denis en septembre, unanimement saluée.

Ce raté médiatique et cette mise en cause publique ont rebattu les cartes. La fortune a tourné casaque. Monté trop vite, trop tôt ? Il y a un an, sur cette scène de la Mutualité, à Paris, où le jeune homme alors âgé de 27 ans était sacré, me vint une pensée. « Son problème, c’est qu’il ne s’est jamais planté. »

Par Gaston Lécluse

Par Gaston Lécluse

Élevée en bonne petite gauchiste, Gaston Lécluse est devenue la fierté de la famille en infiltrant un journal de droite. La seconde partie du plan : épouser un lepéniste influent et continuer d’ausculter le patriotisme, le nationalisme et l’extrême droite. Même si, en vrai, c’est pour déguster des petits fours à l’Élysée quand Marine sera présidente. Pour elle, le blasphème est une religion et la prière une hérésie. Recrutée au Coq par mégarde.
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