Joyeux Noël

par | 20 Déc 2022

Heureux événement que celui qui nous attend ce week-end. Entourés d’une tripotée de gens que vous fréquentez une fois dans l’an – certains que vous chérissez, d’autres que vous honnissez et certains même dont vous ne connaissez pas le nom –, vous allez rendre hommage à un petit Jésus que personne n’a jamais vu, le tout en déballant moult cadeaux onéreux et empaquetés de la façon la moins écolo qui soit. Mes râles font vieille conne ? Attendez la suite.

Oui, j’ai un petit problème avec Noël. Déjà, c’est cher. Chaque année, les familles s’agrandissent, que cela soit du côté de votre cher père qui s’est remaqué avec une femme elle-même mère, du côté de votre cousin qui a une sévère tendance à enchaîner les petites amies qu’on retrouve toujours durant ce formidable événement « familial », du côté de votre frère qui en est à son troisième gosse. Et vous, célibataire endurcie, vous claquez « un pognon de ding », comme dirait l’autre, parfois pour des étrangers dont vous vous contrefichez – au détriment, finalement, de ceux qui comptent (un peu) à vos yeux.

Ensuite, c’est faux-cul. Les grands-parents sont vieux et vous n’êtes pas sûrs de les retrouver l’an prochain ? Bien sûr, vous ferez l’effort de voir « La » tante reloue à qui vous vous étiez juré de ne plus jamais adresser la parole. Pendant le dîner ou le déjeuner (chez les « Lécluse », on opte pour la première option), vous écouterez les uns et les autres disserter sur les valeurs familiales et penserez à ces enfants victimes d’inceste obligés d’écouter leurs parents-bourreaux vanter ces mêmes valeurs, au même moment, avec la même conviction. Vous vous souviendrez aussi du Noël passé où votre cousin en pleine conversion au Judaïsme n’a rien trouvé de mieux que d’organiser un petit Shabbat à l’arrache – car, oui, Noël, l’an dernier, c’était un vendredi – et d’engueuler son petit frère de 14 piges pour qu’il porter une kippa alors que le petit bougre, la religion et les juifs, il s’en tamponne.

Enfin, parce que c’est glauque. On attend ce jour dans l’angoisse, on se met en quatre pour les cadeaux, la bouffe, le vin, la robe etcetera. En fin de compte, l’événement dure trois heures, vous ne direz pas un mot parce que les plus vieux n’entendent rien mais veulent quand même parler, les cinquantenaires s’engueulent ou évitent de parler pour éviter de s’engueuler. Vous, vous ne décocherez pas un sourire de tout le repas, attendrez bien sagement vissé sur votre téléphone que les plats à base de chapon – l’oiseau le plus dégueulasse à manger – soient engloutis, partirez sans demander votre reste dès la dernière flûte de champagne sifflée. Joyeux calvaire.

Par Gaston Lécluse

Par Gaston Lécluse

Élevée en bonne petite gauchiste, Gaston Lécluse est devenue la fierté de la famille en infiltrant un journal de droite. La seconde partie du plan : épouser un lepéniste influent et continuer d’ausculter le patriotisme, le nationalisme et l’extrême droite. Même si, en vrai, c’est pour déguster des petits fours à l’Élysée quand Marine sera présidente. Pour elle, le blasphème est une religion et la prière une hérésie. Recrutée au Coq par mégarde.
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