Que du Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle, on le nomme l’antijudaïsme pour reprocher aux Juifs leur foi et leur histoire ; Que dès la fin du XIXe, on l’appelle l’antisémitisme pour justifier racialement les pogroms, les ghettos, les exactions puis la Shoah ; Ou qu’on finisse par l’intituler l’antisionisme pour désapprouver les Juifs d’avoir enfin un Etat ; la haine envers les Juifs a eu bien des noms à travers les siècles mais qu’un seul but : faire couler le sang des Juifs.
Ils furent accusés d’empoisonner les hosties, de voler des bébés pour boire leur sang, d’avoir propagé la peste, de planifier un protocole pour gouverner le monde, d’être un ennemi invisible… bref, les fantasmes mortifères n’ont jamais manqué pour faire des Juifs la cause de tous les problèmes.
Dire que cette haine est millénaire tendrait presque à la justifier comme si nous ne pouvions rien y faire. Qu’il faudrait faire avec. On tue des Juifs, et inconsciemment on saurait pourquoi. De Youssouf Fofana et son « gang des barbares », à Mohamed Merah en allant jusqu’à Amedy Coulibaly, les assassinats, massacres – appelez ça comme vous voulez – ont ciblé des Juifs, et l’on pourrait se demander si l’indignation collective et nationale fut réellement au rendez-vous ?
Depuis le 7 octobre, et les attaques terroristes du Hamas, il y a eu plus de 1500 actes antisémites en France. L’essentialisation étant à son comble lorsque des évènements ayant lieu à plus de 4000 km de Paris finissent par entraîner des répercussions sur nos concitoyens. En réponse, un rassemblement contre l’antisémitisme fut organisé le 12 novembre.
Il manquait à l’appel la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Après le communiqué de soutien total au Hamas de la part du NPA de Philippe Poutou, cette défection, loin d’être anecdotique, explique à elle seule la raison pour laquelle « l’union de la gauche » n’est ni souhaitable ni envisageable. Car contre quelle autre discrimination (racisme, homophobie, sexisme) imaginerait-on un parti de gauche être absent d’un rassemblement dénonçant la haine ? La réponse est simple : aucune.
L’aveuglement à ne pas l’identifier, la lâcheté à ne jamais le dénoncer, l’entêtement à toujours vouloir le minimiser fait que dès que l’on parle d’antisémitisme, nous pouvons être certains que la discussion va s’embourber sur ce qui, pour l’interlocuteur, n’est jamais antisémite.
En vérité, qu’importe la réponse d’Israël, elle est anecdotique puisque moins de 48 heures après le massacre perpétré par le Hamas, lors d’un rassemblement à Sydney en Australie, des manifestants ont appelé à « gazer des Juifs ». De telles « célébrations » se sont aussi produites à New-York et à Berlin. L’antisémitisme s’embarrasse d’une justification qui évolue au gré du vent.
C’est en finissant par tolérer l’abject qu’on ne peut pas être réellement surpris quand l’horreur se produit.
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