L’alimentation des pauvres et riches

par | 2 Juin 2020

Thierry ROCHER renvoie la censure


Lundi 25 mai 2020 a marqué la reprise très particulière de la Revue de Presse de Paris Première. Une émission sans public dans un théâtre sans «écho». Mais le plaisir de retrouver l’équipe et d’imaginer les fidèles derrière l’écran, sans pouvoir rebondir aux réactions de la salle. Je vous livre le texte sans coupure.
Il y aura une autre Revue de Pesse lundi 8 juin en espérant que ce soit la dernière à être faite dans de telles conditions et que septembre nous permette de retrouver la chaleur du public.

Les nouveaux comportements alimentaires des riches et des pauvres.
Je commence en m’adressant aux plus défavorisés, enfin ceux qui n’ont pas de personnel de maison, de cuisinier car il y en a plus qu’on ne croit. Le confinement m’a permis de regarder des reportages sur les pauvres, c’est édifiant. Petite parenthèse, tout le monde peut se payer du personnel, un cuisinier par exemple, et leur faire plaisir, en les applaudissant tous les jours, ça évite de les augmenter. Les pauvres qui, dès le début du confinement, ont stocké du papier toilette et des pâtes. C’est un peu ridicule. Quand on mange que des pâtes, on va pas plus souvent aux toilettes.

Suivez l’exemple des riches qui ont permis aux producteurs de Champagne de garder quelques débouchés !… alors que le prolétariat ne réussit pas à maintenir la production de Heineken ou Kronembourg pour compenser la fermeture des bars et l’arrêt des matchs de foot.
Dans beaucoup de familles, des hommes ont découvert, dans leur logement, l’emplacement d’une pièce avec des appareils insoupçonnés: la cuisine. Dorénavant, c’est promis, on va prendre le temps de cuisiner. On entend souvent évoquer le manque de temps; mauvaise excuse. Pour vous convaincre, je vous donne l’exemple de recettes faciles, pas chères, à la portée de tous. Le homard au four. C’est rien et quand on a envie d’un peu d’air du large, c’est autre chose que les quenelles de poisson William Saurin. Alors, homard au four, pour 3 ou 4 personnes, vous prenez deux homards et après qu’est-ce qu’il faut ? 2 cuillers à soupe de moutarde, 4 d’huile, 50 g. de beurre, 4 quartiers de citron, 5 brins de persil hachée, sel, poivre. Alors franchement, une fois que vous avez les homards, ça vous coûte combien? 3 euros maxi. C’est cher 3 euros?  et en plus c’est facile à faire. Facile aussi de proposer en entrée une petite assiette de caviar. Et alors là, il suffit d’ouvrir la boite et de mettre ça dans une assiette. Donc pas d’excuse à moins de préférer les miettes de thon à l’huile de tournesol.
Pour les plus pressés, un sandwich au bacon avec truffe noire et un filet d’huile de truffe, ou si avez les moyens de vous offrir des œufs, une omelette qui ressemble à celle du fameux restaurant Norma’s de New York, des œufs brouillés, du homard et une dizaine de grammes de caviar d’esturgeon. Vous voyez, c’est simple, mais, bien sûr, il faut avoir des œufs.
Un nouveau comportement, pour manger sainement, c’est faire son jardin. Beaucoup l’ont compris, mais les plus pauvres trop souvent non, sous le prétexte un peu facile qu’ils n’ont pas de jardin dans leur deux pièces. Les moins nantis  ont aussi pris conscience de l’importance des circuits courts et des légumes ou fruits bio qu’ils récupèrent, soit-disant en mauvais état  à la fin du marché entre l’étal et la poubelle, distance réduite, circuit court, le bien nommé. Des légumes frais à consommer en ce moment un peu partout et pas seulement dans les départements classés verts.
Nouveau comportement aussi chez les moins riches avec l’achat de poules pondeuses. Succès grandissant. C’est quand même plus simple d’avoir une poule pour les oeufs qu’une vache pour le lait et le beurre, même si une vache, c’est sympa, surtout une vache qui rit. La poule, c’est l’avenir et l’écologie puisqu’elle réduit les déchets organiques de 150 kg par an, par contre les emballages plastiques, elle n’en raffole pas.
Quelques conseils avec un tableau: nombre d’œufs/poule et poule/superficie
Les poules très appréciées des enfants. Espérons aussi que les enfants revoient rapidement leurs grands-parents pour arrêter de compenser en se goinfrant de Papy Brossard et de Mamy Nova.

Alors restons calmes en cette période difficile car comme disait le célèbre Qi Shi Tsu: «ce n’est pas parce que c’est la fin des haricots qu’il faut tout faire péter.»

Par Thierry Rocher

Par Thierry Rocher

Thierry Rocher est un auteur, comédien, humoriste qui fait où on lui dit de ne pas faire. Vous pouvez le retrouver dans la Revue de presse des Deux Ânes sur Paris Première
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