Avez-vous entendu parler de « Coquelicots TV » ? Voici le désopilant surnom choisi par le candidat Bardella aux européennes pour désigner la chaîne Public Sénat. Le jeune président du RN entendant par-là justifier son refus d’y débattre. Devant une vingtaine de journalistes – dont l’auteur de ces lignes –, le grand bretteur dépeint par la presse sinon comme le Messie du clash, du moins comme son apôtre le plus fervent, présentait son niveau comme bien trop élevé pour faire l’offrande de sa présence à d’autres plateaux que ceux de BFMTV et CNews. Et le sobriquet ainsi rapporté dans La Tribune dimanche ne déchirait pas plus de foules qu’un match Amiens-Angers vu depuis Paris. Comme si tout glissait sur ce visage parfaitement lisse, entouré de cheveux parfaitement plaqués et posé sur un corps gonflé à la musculation ou la boxe.
Pourquoi ressasser cette anecdote, vieille de trois semaines et dont l’intérêt pourrait se borner au simple plaisir du cancan politique ? Eh bien parce qu’elle fait dorénavant office de prophétie autoréalisatrice. La « Bardella Team », qui avait déjà posé quantité de verrous d’acier autour de leur tête de liste, a tout bonnement coupé les ponts avec les médias, quand bien même la sortie de route n’a pas abîmé son champion. Prenant un soin tout particulier à se réserver quelques passages cathodiques de nature à engranger des voix. Furieux qu’un confrère ait « brisé le off » – c’est-à-dire révélé un mot, une expression, une considération délivrée dans un cadre privé entre journalistes et politiques –, les équipes de communication nous ont fait savoir que l’exercice n’aurait plus cours durant le reste de la campagne. Et ne donnent plus suite à la moindre demande d’entretien ou, même, de rencontre avec le candidat.
Qui sait que les professionnels censés rapporter les moindres faits et geste de la vie politique n’ont quasiment plus de contact avec le patron du principal parti d’opposition ? Personne. Seuls comptent, dorénavant, les quarante secondes sur Tik-Tok où Bardella, croit-il, puise dans un nouvel électorat, jeune et politiquement inculte, déterminé à le porter au pouvoir le temps que durera de la vidéo. Lorsque le jeune homme, dont les aptitudes dans le domaine ne se sont jamais rompues au véritable exercice d’un mandat – difficile de faire compter celui d’eurodéputé, qu’il n’honore pas ou si peu –, s’apercevra de la vacuité de sa stratégie, sans doute sera-t-il trop tard pour rattraper le coup auprès de la presse. Qui, elle, se fera une joie de le démolir d’ici là.
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