Le Taubirathon

par | 1 Fév 2022

Pourrons-nous vraiment dire que la Primaire populaire fut un grand moment de démocratie ? Au regard de l’opacité du système de désignation des candidats, du processus de vote pétri de bienveillance avec ses mentions « très bien », « bien », « assez bien » et j’en passe, de la qualité des prétendants en lice exceptés les candidats de gauches déjà actifs dans la course à la présidentielle – oui, Hidalgo est de meilleure facture qu’une Charlotte Marchandise, je vous assure –, on peut grandement en douter. 

Je n’aime pas les démocrates auto-proclamés. Ce que sont Mathilde Imer et Samuel Grzybowski, porte-paroles de l’initiative, lesquels ont, rappelons-le, forcé l’inscription de la candidature de Yannick Jadot, d’Anne Hidalgo et de Jean-Luc Mélenchon contre la volonté de ces derniers. Ces jeunes gens ont trouvé en Taubira leur tremplin, surtout du côté du petit Samy, dont l’ambition n’a d’égal que la vanité. L’ex-garde des Sceaux a sauté sur cette occasion douteuse pour revenir dans un jeu politique qui ne voulait plus d’elle. Dommage. Elle avait pourtant réussi à se faire passer pour une républicaine chevronnée après la séquence du Mariage pour tous en 2012. Que restera-t-il de ce coup dans le dos asséné à la gauche, elle qui disait pourtant ne pas vouloir être « une candidate de plus » ? 

A-t-on oublié que Taubira a aussi voté le budget sous Balladur, s’est positionnée contre la loi de 2004 sur le port des signes religieux à l’école, refuse que « les jeunes arabes » portent sur leurs épaules le poids des méfaits esclavagistes des civilisations arabo-musulmanes quand elle préconise l’inverse pour tous les autres peuples ? A-t-on oublié qu’elle a grandement contribué à la défaite de Jospin en 2002 ? Qu’elle a dû quitter le gouvernement Hollande après s’être répandue dans les médias quand la question de la déchéance de nationalité pour les terroristes est arrivée sur la table du Conseil des ministres ? Elle avait toutefois peu réagi, quelques mois plus tôt, quand il avait fallu condamner l’islamisme responsable des attentats du 13 novembre. Aujourd’hui, la même évoque l’épisode avec émotion, assurant avoir « dû asphyxier son émotion ». Elle ne l’a pourtant pas réprimée quelques semaines plus tard. 

Forte de son passé révolutionnaire – bien qu’il n’apparaisse ainsi que pour ceux qui ne connaissent rien à la Révolution – lorsque, jeune militante, elle se battait pour l’indépendance de la Guyane et la reconnaissance de l’esclavagisme français (ce qui est tout à son honneur, convenons-en), Taubira fascine et crée l’engouement chez les jeunes citadins. Ceux-là même se sont précipités pour voter Benoît Hamon à la primaire de 2016. Choix fatidique et défaite cuisante. Les votants de la Primaire populaire n’ont de « populaire » que le nom. De jeunes bourgeois mal dégrossis sans réel intérêt politique. Comment voter pour quelqu’un dont le programme est aussi vide ? Ont-ils l’intention de recréer un Emmanuel Macron, cette fois selon les logiques inclusives en vogue ? Merci à eux d’avoir tué, une fois encore, la gauche et ce qu’elle représente.

Par Gaston Lécluse

Par Gaston Lécluse

Élevée en bonne petite gauchiste, Gaston Lécluse est devenue la fierté de la famille en infiltrant un journal de droite. La seconde partie du plan : épouser un lepéniste influent et continuer d’ausculter le patriotisme, le nationalisme et l’extrême droite. Même si, en vrai, c’est pour déguster des petits fours à l’Élysée quand Marine sera présidente. Pour elle, le blasphème est une religion et la prière une hérésie. Recrutée au Coq par mégarde.
D'autres Chroniques

Les gens qui comptent et les autres

L’Ukraine entre dans sa troisième année de guerre. A la surprise plus ou moins générale, le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré qu’il n’y avait « aucune limite » ni...

Badinter en théorie et en pratique

Badinter en théorie et en pratique

Robert Badinter, garde des Sceaux emblématique de François Mitterrand, est célébré depuis l’annonce de son décès le 9 février. Ce grand avocat, qui eut 4 ans la casquette de ministre, est devenu le...