Le titre vous a interpelé ? Vous pensez lire une énième tribune appelant au barrage, à la désobéissance civile ou, mieux, à l’insurrection face à la possibilité d’une Marine Le Pen au pouvoir ? Vous avez frappé à la mauvaise porte.
Les vices cachés de la démocratie tiennent en une phrase : le représentant du souverain est élu par ce même souverain. Or, dans notre régime, le souverain est le peuple et le peuple a désigné Marine Le Pen comme finaliste de l’élection présidentielle. Pour la seconde fois. Sur trois tentatives, avouez que c’est fort, surtout pour une candidate issue d’une formation aussi décriée. Passons sur le flair politique de la candidate, laquelle avait pronostiqué dès novembre la plantade d’Éric Zemmour – « Il constitue une réserve de voix plus importante que NDA la dernière fois, ramène une partie des abstentionnistes à l’intérêt électoral, et me recentre, ce qui est évidemment une bonne chose. Il est tellement outrancier et caricatural dans sa manière de présenter les choses que ce que nous faisons apparaît sérieux, travaillé et raisonnable », disait-elle à l’époque, rapporte Marianne.
Je l’avoue, je ne suis pas particulièrement démocrate. Ou plutôt : j’aime tant la démocratie que laisser le choix à des Béotiens (et je pèse mes mots) sans la moindre once de culture politique me coûte. D’autant plus lorsque je vois le taux d’abstention atteindre les 26,31% àl’élection suprême. Le fait est – il est sans doute bon de le rappeler pour tous les chantres autoproclamés de la liberté – que nous sommes en démocratie et que le suffrage est universel dans notre pays. Lorsqu’un candidat, quel qu’il soit, est désigné par deux fois au second tour de la présidentielle, j’estime qu’il représente autre chose pour ses électeurs qu’un simple vote contestataire. Quand j’observe que les deux dernières élections européennes (2014 et 2019) ont placé en tête le Rassemblement national, je considère que le parti, certes fondé par Jean-Marie Le Pen, a quelque raison d’exister.
Pis, lorsque l’on entend la bien-pensance habituelle appeler au barrage face au Front national, puis face au Rassemblement national, sans prendre la peine d’attaquer le programme de cet adversaire décrié –et niant ainsi l’idée même que son programme puisse plaire et correspondre à des attentes concrètes d’une partie de la population – , il y a fort à parier que cela renforce les électeurs de Marine Le Pen dans leur rejet des immigrés, des élites, du libéralisme, du mondialisme.
À l’inverse, mes petits camarades de gauche, tout à leur posture, ont pour certain décidé de « faire barrage à Macron ». Ou comment dire qu’ils voteront RN sans le dire. L’idée est séduisante pour qui n’assume pas de glisser sciemment un bulletin Le Pen dans l’urne. Mais elle relève de la même logique antidémocratique que celle précédemment évoquée au sujet du vote anti-RN.
Ne pas faire barrage, ni à l’un, ni à l’autre. S’intéresser aux programmes et à la compétence seulement. Sortir du fantasme de « l’extrême droite » et du « candidat des riches » pour mieux voter en son âme et conscience. Un idéal (bien sûr) vers lequel tendre.
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