On vous narrait, en octobre, comment le vieux Jean-Marie, la rugueuse Marine et l’attentiste Marion se jaugeaient depuis leurs positions respectives. Lui dans sa bâtisse de Rueil-Malmaison, elle dans son nouveau QG du XVIe arrondissement, la nièce indésirable auprès de ses chers élèves de l’Institut de sciences sociales, économiques et politiques (Issep) qu’elle a elle-même fondé.
Les quatre dernières semaines furent l’occasion de poursuivre ce drama digne d’une mauvaise série d’été. En deux mots : Marion songe à rejoindre Zemmour et acte le fait qu’elle ne soutiendra pas sa tante à la présidentielle ; le menhir dit soutenir sa fifille (amour filiale ou realpolitik ? N’oublions pas qu’il faisait valoir qu’il ne soutiendrait le mieux placé dans les sondages) ; Marine Le Pen essuie les défections… sans que l’effet soit significatif dans les études d’opinion.
Dernier départ en date : le seul et unique sénateur du parti, Stéphane Ravier, également maire du septième secteur de Marseille. L’élu assure toutefois qu’il donnera son parrainage, comme promis, à la candidate du Rassemblement national. Mais pour ce qui est de la ligne, ce lepéniste de la première heure – à l’ère du père, entendons-nous bien –, semble avoir définitivement dévié de celle de Marine. Ou plutôt, cette dernière défend aujourd’hui un positionnement très éloigné de ce qui faisait, il y a encore dix ans, le Front national.
Les études d’opinion le montrent bien : les électeurs frontistes (usons un terme devenu désuet) sont issus des classes populaires quand ceux d’Éric Zemmour composent les classes supérieures. Non pas que les deux viviers soient frontalement opposés : ceux-ci partagent la même hostilité envers les mouvements migratoires ou l’hégémonie européenne et américaine. Mais leurs préoccupations restent toutefois différentes : le pouvoir d’achat ou la pénibilité au travail font partie des principales préoccupations du vote Le Pen. Zemmour, lui, se place dans cette guerre des civilisations qu’il appelle « Grand remplacement » et attire un électorat nostalgique de la pseudo-grandeur passée de la France.
Le Pen est une néocommuniste ; Zemmour un néolégitimiste ou néobonapartiste (personne ne sait vraiment bien). L’un et l’autre ne peuvent, par définition, s’entendre. Ce qui rend d’autant plus utopique la durabilité de l’Union des droites. Comme fut utopique la durabilité de l’Union des gauches. Si la candidate du RN a sans doute définitivement perdu les plus extrêmes de son camp (votants et politiques confondus) et les plus aisés, partis chez Zemmour, elle peut néanmoins compter sur le riche vivier de voix…des abstentionnistes. Pas sûr que ce soit parier sur le bon cheval, alors que la plupart des instituts prévoient jusqu’à -10% de participation au scrutin du 10 avril. Cette neutralisation mutuelle des deux candidats nationalistes pourrait-elle favoriser une qualification par défaut de Valérie Pécresse ?
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