L’adage vaut en famille comme en politique. « On ne lave pas son linge sale en public ». Sans doute cela a-t-il échappé au clan Le Pen. De Budapest à Rueil-Malmaison, les proches de Marine s’en donnent à cœur joie pour plomber la candidate soutenue par le Rassemblement national, en donnant plus de gages au non-candidat Zemmour plutôt qu’à leur championne officielle. Revanche, ou bien realpolitik ?
Si l’aigreur est le sentiment qui domine le Menhir vis-à-vis de sa fifille, la jeune Marion semblait moins disposée à taper sur sa tante, bien qu’elle ne se soit jamais positionnée, jusqu’aux régionales de juin 2021, en faveur de son ancien parti. Façon de se placer au-dessus du carcan droite/extrême-droite habituel pour celle qui prône l’union des droites. Moyen, également, de ne pas trahir ses convictions économiques libérales, battues en brèche par la politique prétendument sociale du RN. « Elle n’a peut-être plus les capteurs nécessaires », grince Marine lorsqu’on lui rapporte le refus de sa nièce de se positionner en cas de candidature du polémiste.
Au contraire, la jeune femme est en alerte et ménage ses pions. Plus que rencontrer Marine Le Pen, la consécration pour tout nationaliste qui se respecte est d’échanger directement avec la directrice de l’Institut des sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP). N’était-elle pas le contact français privilégié d’un certain Steve Bannon lorsque celui-ci essayait de créer un grand mouvement nationaliste paneuropéen, oubliant que l’ADN même du nationalisme est de ne pas se mêler aux autres nationalismes ? Maréchal est une politique politologue, une théoricienne. Se montrer publiquement aux côtés de Zemmour – qu’elle fréquente régulièrement à paris, au domicile de leur amie commune, une certaine Sarah Knafo -, c’est déjà l’adouber.
De son côté, le vieux Jean-Marie prend un malin plaisir à voir la chair de sa chair échouer, comme lui auparavant. Bien que toute la famille se soit officiellement réconciliée en 2018, alors que le patriarche sortait de l’hôpital, le briscard n’a jamais pardonné son éviction du Front en 2015, ni la mort du Front au profit du Rassemblement. Son positionnement idéologique, bien plus proche d’une Marion ou d’un Éric, n’a finalement jamais correspondu à celui de son successeur. Lui est virile, raciste, vieille France, libéral et radical. Elle est taxée de « mollesse » par Gérald Darmanin. En Zemmour, il voit un double avantage, même si cela implique de tuer la fille : porter ses idées au pouvoir, savamment remasterisées par un gourou anti-migrants ; donner une bonne leçon à celle qui a péché par orgueil en déviant son mouvement chéri de sa ligne initiale.
L’un dans l’autre, Marine Le Pen ne pourra jamais compter sur la fidélité familiale. En revanche, peut-être jouira-t-elle, comme Chirac en 1995, des conséquences d’un sentiment très humain, qu’on n’aurait pas imaginé exister envers elle : la pitié des électeurs.
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