On criera à l’outrage, on pointera mon manque de républicanisme, on dira de moi que je suis indigne de ma fibre gauchiste. Et pourtant. Comme un certain nombre d’autres vaccinés, je me réjouis de la sortie de ce cher Emmanuel Macron. Pour une fois.
Nous sommes très exactement 59% des Français à être d’accord sur le fond avec le chef de l’État, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro. Sur la forme en revanche, celui-ci est jugé « brutal » à 59%. Je ne fais pas partie de cette dernière tranche, même s’il est évident que les mots choisis l’ont été à dessein. N’oublions pas que l’entretien publié par Le Parisien a été relu et approuvé par l’Élysée. Diviser pour mieux régner, voilà une stratégie qu’a tenté d’imposer Macron durant tout le quinquennat. Si elle lui est systématiquement revenue en boomerang jusqu’ici, le clair déséquilibre en faveur du nombre de vaccinés – 90% contre 10% de non-vaccinés de 18 ans et plus en France – tourne ici à son avantage. Car qui, aujourd’hui, peut dire qu’il supporte encore ces restrictions sanitaires ?
Après les confinements, le couvre-feu, la fermeture des bars, des restaurants, des lieux de culture, après avoir dû subir le chômage (même partiel), le télétravail, après avoir dépensé – très légitimement – des milliards d’euros, doit-on encore justifier la vaccination ? Le propre du Français est son esprit de contradiction. Qualité le plus souvent, gros défaut en ce moment. S’il est raisonnable de douter, surtout avec un recul de seulement un an sur l’ARN messager, il est irresponsable d’attendre. Sur ce point, sans doute est-il stupide et cruel de l’exprimer en public lorsque l’on est à la tête d’un pays, mais le président a foncièrement raison. Nous sommes des enfants gâtés de la démocratie. Tant comblés que nous ne savons plus quoi attendre ou espérer. Si habitués à notre vie paisible que toute injonction est perçue comme une agression et justifie le combat.
Ce que l’on demande aux non-vaccinés, c’est de comprendre qu’ils sont ni plus ni moins des rouages de notre communauté politique. Si les autres ont pris leur dose, ce n’était pas forcément de gaîté de cœur, mais bien parce que le bien commun les importe – ou au moins la survie de leurs proches. En se plaçant en-dehors de la vaccination, en-dehors du système, ceux-ci refusent d’appartenir au groupe que nous constituons. En rejetant leurs devoirs vis-à-vis de nous, ils rejettent leur statut de citoyen. Mais, pour paraphraser un homme politique célèbre pour sa prolixité : un président ne devrait pas dire ça…
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