Si vous écoutez les infos, que vous lisez la presse ou simplement si vous faites défiler les nouvelles algorithmiques des réseaux sociaux, vous devriez avoir une confiance toute relative en l’avenir :
Guerre en Ukraine, future guerre en Arménie, antisémitisme du NPA, carburant hors de prix, inflation en hausse, dérèglement climatique, harcèlement scolaire et suicide à faire à la maison, punaises de lit, Bernadette Chirac au cinéma, extrême droite aux portes de tous les pouvoirs, le passage à l’heure d’hiver… bref, si vous ne déprimez pas c’est que vous avez l’empathie d’une mante religieuse après le sexe ou pire celui de Sophia Chikirou pour tout ce qui ne concerne pas son nombril.
Et pourtant, il serait temps de relativiser un peu : Les punaises de lit ? L’Europe fut envahie par la peste noire ; Vous craignez que la Russie nous balance des bombes nucléaires sur la tronche, les Japonais en ont déjà pris deux, et si la planète pète nous disparaitrons sans nous en apercevoir ; La guerre un peu partout ? mais c’est toujours la guerre un peu partout ; l’extrême droite bientôt au pouvoir ? Salazar, Franco, Pétain, Mussolini, Ceaușescu, Staline, Castro, Mao et surtout Hitler, vous pensez que ce furent des tendres ?
Alors respirez profondément car, rassurez-vous, nous n’allons pas dans le mur. Le mur chaque génération l’a pris de plein fouet avant de s’apercevoir que ce n’était pas une fin en soi. Le problème c’est cette ambiance anxiogène qui nous incite à ne vivre, n’agir, et finalement voter qu’en étant gouvernés par notre trouille. Nous ne réagissons plus que de manière épidermique, sans raison, sans recul, c’est le Cri d’Edvard Munch pour tout et pour n’importe quoi. Prokofiev s’est fait virer, Pierre ne gueule plus au loup mais au tweet, et c’est Elon Musk qui dirige la musique.
Il y a quelques années, prenant l’avion pour rejoindre mon île, nous avions traversé de fortes intempéries. Vous avez déjà vécu ça : l’avion bouge un peu et un petit brouhaha reste toujours audible… puis l’avion se met à valser plus sérieusement, et tout à coup, le silence s’installe. Une sorte de silence qui pourrait se traduire par : « oh merde, on va tous crever, j’aurais dû rater ce putain de vol ».
Alors que je sentais l’angoisse des passagers s’installer, les visages se crisper, un enfant de 5 ans se mit à rire aux éclats. Son rire était entrecoupé de « woooo » et de « olé » à chaque secousse comme si le gamin était à bord d’un super Grand 8 « trop trop rigolo ». Indubitablement, les autres passagers ont assimilé les rires à son âge et à l’inconscience que l’on prête à l’enfance… mais n’est-elle pas bien mince la frontière entre l’inconscience face au danger et l’insouciance face à la fatalité ? L’avion s’est posé sans problème, et si ça n’avait pas été le cas, y avait-il un quelconque intérêt à passer nos derniers instants dans la peur ? Non, peu importe les turbulences il vaut mieux rire dans un manège géant que d’être tétanisé dans un cercueil volant.
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