Il serait présomptueux de croire que seuls les ayatollahs du républicanisme – dont fait partie votre servante – ont eu une pensée, ces neuf dernières années, pour les victimes des attentats du 7 janvier. Mais sans doute furent-ils les seuls à s’alarmer du moindre coup de boutoir multiculturaliste, woke, islamiste ou identitaire. A raison.
En neuf ans, les attentats fondamentalistes n’ont pas faibli ; les profs, dont les assassinats se multiplient, vivent dans la peur et l’impuissance ; deux tiers des jeunes voient en la laïcité un instrument de stigmatisation des musulmans ; la gauche – celle qui compte dans les urnes – flirte éhontément avec l’antisémitisme ; les identitaires des deux bords ont pignon sur rue. Liste sommaire mais déjà bien longue tant la décennie passée fut jalonnée de guerres – plus ou moins proches géographiquement –, de crises, de sang et de larmes.
Et pourtant. Quelle réplique ne fut pas livrée à ceux qui pointaient les fractures naissantes – et dorénavant durablement installées – de notre société ? Quelle justification ne fut pas trouvée aux pourfendeurs de l’universalisme ? Aux « Je suis Charlie mais » ont succédé les partisans du « pas de vague », puis les Jean Moulin de salon plus secoués par la menace groupusculaire de l’extrême droite que par la diffusion néfaste de l’idéologie religieuse. Quand les Cassandre instruites, comme le veut le mythe, n’ont pas trouvé public au moment où leurs oracles pouvaient encore être évités.
Neuf ans ont passé et tout s’est accéléré. Musclant l’argumentaire d’antimodernes primaires, donnant foi aux élucubrations des pessimistes notoires, mettant définitivement un terme à la fable des jours heureux. Peut-être l’auteur de ces lignes apparaît-elle membre du club. Elle ne l’était pas jusqu’à peu. Mais quelle leçon a-t-on retenu du 7 janvier ? Aucune. Nous le payons et le payerons cher.
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