On pourrait croire que les tractations entre Insoumis et socialistes ont eu raison des seconds. Sans doute que l’appareil du parti ne s’en relèvera pas ; sans doute que les « éléphants » du PS sont voués au cimetière – dont ils n’auraient jamais dû sortir – ; sans doute que nous assistons à la mort du social-libéralisme de « gauche ». Mais il serait cavalier d’en déduire la fin pure et simple du socialisme.
Un peu partout en France – Carole Delga et Michaël Delafosse n’en sont que les porte-paroles – une jeune garde refuse de se plier au diktat mélenchoniste. Une jeune garde rebutée par le libéralisme à tous crins, réticentes aux sirènes macronistes et soucieuses du respect des valeurs républicaines et laïques. Ils pullulent dans les fédérations (aux caisses bien dotées), soutiennent les dissidents (voire cet article de Marianne), conspuent l’absence de créativité d’Olivier Faure (« Qu’est-ce qu’on a proposé en cinq ans ? », s’indigne auprès du Coq un responsable de fédération).
Aujourd’hui, la fameuse « ligne de crête », si chère à Édouard Philippe, est en passe d’être trouvée par les tenants d’un socialisme réformiste et démocratique. Entre Macron d’un côté, qui a écrémé les rangs du PS en 2017, et Mélenchon de l’autre, qui s’attèle à la destruction des dernières ruines encore fumantes, les résistants – nombreux en province, peu connus des médias mais déterminés dans le combat – cherchent à rassembler. Et zyeutent du côté des démocrates d’EELV, déçus par l’accord Nupes. Dans les colonnes du Figaro, le Premier secrétaire fédéral de Moselle dit ainsi préparer un appel : « Il y a quelque chose à créer. Je préférerais que cela reste au sein du PS, mais on voit bien que, chez les écologistes aussi, une opposition sociale-démocrate se prépare. »
En vérité, Mélenchon aura été une chance pour le socialisme. Après que Macron lui aura appris la différence entre réformisme et libéralisme, le socialisme renaît de l’opposition entre universalisme et communautarisme, entre compassion, entre-aide et haine du bourgeois. Mieux encore, la gué-guerre entre le PS et FLI aura étalé toutes ces divergences sur les plateaux télés. Reste, maintenant, à voir comment les dissidents se structurent et leurs résultats dans les urnes – ces cinq prochaines années.
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