Piolle, le fossoyeur de l’écologie

par | 14 Sep 2021

Sans doute vous intéressez-vous (un peu) à cette charmante primaire organisée par Europe Écologie-Les Verts, sobrement baptisée « Primaire des écologistes ». Rassemblant cinq candidats issus des formations participantes, tels que l’eurodéputé Yannick Jadot, le maire de Grenoble Éric Piolle, Sandrine Rousseau, Delphine Bathot et Jean-Marc Governatori, elle se déroulera sur deux tours, le premier se tenant du 16 au 19 septembre et le second du 25 et 28 septembre. 

Qui donc pour défendre fièrement la bannière verte à l’élection présidentielle ? Selon un sondage Ipsos-Sopra Steria publié samedi 4 septembre par Le Parisien, Jadot l’emporterait – et de loin – sur à ses concurrents. Le résultat est sans doute à nuancer, d’autant que le positionnement non-radical du Yannick n’est pas vraiment au goût des militants EELV. Et l’histoire récente nous montre que la primaire écolo est plutôt une Grande Faucheuse qu’un tremplin vers le pouvoir. Je fais donc un pari : Éric Piolle remportera l’élection. Un scénar qui m’plaît pas trop. 

Pourquoi ? Parce que Piolle est macroniste déguisé en écologiste, la culture woke en plus. Le Vide à moitié vert. La gauche rouge-verte au pouvoir : le cas de Grenoble, ouvrage très pertinent sur la façon dont la mairie de Grenoble est gérée par ses élus depuis l’élection beau gosse de la cuvette, est paru en février 2021. Écrit par un journaliste du Postillon, canard grenoblois « avec pour unique business plan d’occuper le créneau porteur et néanmoins complètement délaissé de la presse locale critique », le bouquin raconte les cinq premières années d’Éric Piolle à la tête du conseil municipal de la ville. Qu’y apprend-on ? Que Monsieur le maire a soutenu en 2016 un plan d’austérité – nommé non sans ironie « plan de sauvegarde des services publics » – qui a mené à la fermeture de deux bibliothèques municipales situées dans des zones géographiques sensibles de la ville. Une troisième devait faire partie du lot, mais il a été décidé, devant la mobilisation des habitants et politiques déçus, d’en réduire « seulement » les moyens logistiques et humains. Résultat : les effectifs et la collection ont été réduits de moitié. En tout, ce plan a permis la suppression d’une centaine de postes publics, dans les services de santé scolaire notamment, ainsi que la hausse du tarif de stationnement et de piscine, et la suppression de plusieurs maisons des habitants (MDH). 

Très social, le Piolle, très « de gauche », d’autant que d’autres solutions avaient été étudiées. L’une d’entre elles permettait de limiter la réduction des dépenses de fonctionnement – à savoir les salariés –, au détriment du budget d’investissement. Budget mis à disposition, entre autres, des entreprises de BTP qui travaillent à l’agrandissement de l’A480 depuis 2019 (écologie, quand tu nous tiens…). Enfin, le plan de sauvegarde a également permis de révéler le management par la terreur mis en place par la mairie. Qu’il s’agisse des employés dédiés aux repas scolaires, des membres du service finances, d’anciennes assistantes sociales virées (elles composent la majeure partie des postes supprimés dans les services de santé), tous dénoncent un mal vivir, par opposition au buen vivir promu par les élus. Entre écolo-novlangue outrancière et parano maladive, l’équipe municipale semble baigner dans un « faites ce que je dis, pas ce que je fais » primaire. Comme lorsque Piolle gravit le col Montgenèvre en 2018, connu pour être un lieu de migration clandestine entre la France et l’Italie. Là, de toute sa superbe, le maire demande pétri de bons sentiments à Emmanuel Macron de « ne pas avoir peur » des migrants. Au même moment, sa municipalité mettait en place une politique migratoire hostile aux réfugiés. En 2017, c’est carrément le tribunal administratif de Grenoble qui déboutait la mairie, laquelle demandait l’expulsion du camp Valmy (où logeaient 250 personnes) sans proposer aucune alternative. En juin 2020, la même équipe a refusé l’installation d’un camp de migrants jeunes majeurs devant le musée de Grenoble… alors que la préfecture elle-même avait donné son accord.

Ce n’est pas tout. Même si la lecture de ce charmant petit livre à la couverture dessinée m’a chauffé les sangs, sans doute vous apprécierez sa lecture plutôt que mes fulminations. Mais un détail très révélateur du bonhomme a le mérite d’être souligné. Dans le chapitre intitulé « Raise Partner, le péché originel », on apprend non sans étonnement – bien que le fait ait été teasé par l’auteur au début de l’ouvrage – que le quadra a fondé en 2001 une société d’optimisation fiscale à Singapour. Sa femme y travaille encore et le maire de la cuvette détient toujours 0,5% du capital. 

Alors, comme les 122.670 inscrits à la « Primaire des écologistes », j’irai voter. Voter contre Piolle et pour que, après le dévoiement du socialisme, on ne laisse pas l’écologie aux mains de fossoyeurs.

Par Gaston Lécluse

Par Gaston Lécluse

Élevée en bonne petite gauchiste, Gaston Lécluse est devenue la fierté de la famille en infiltrant un journal de droite. La seconde partie du plan : épouser un lepéniste influent et continuer d’ausculter le patriotisme, le nationalisme et l’extrême droite. Même si, en vrai, c’est pour déguster des petits fours à l’Élysée quand Marine sera présidente. Pour elle, le blasphème est une religion et la prière une hérésie. Recrutée au Coq par mégarde.
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