Puisqu’on n’y peut rien

par | 20 Juin 2023

Notre journal, le Coq des Bruyères, s’éclipse pour la saison estivale qui, comme son adjectif l’indique, durera jusqu’à fin septembre.
Puisqu’on n’est pas en Ukraine, puisqu’on ne gît pas au large de la Grèce, puisqu’on ne se soucie pas plus des menhirs que des dolmens, puisqu’on n’a pas touché de fonds Marianne, et, tout simplement, puisqu’il n’y a vraiment pas grand-chose qui soit de notre ressort… profitons-en pour faire une pause.

Il est vain de souhaiter changer le monde puisque, comme dans le film d’Ettore Scola, Nous nous sommes tant aimés, on finit toujours par s’apercevoir que c’est le monde qui nous a changé. Le seul monde que l’on peut transformer c’est le nôtre : notre monde personnel, intime, notre vie et non la vie de tout le monde. Ceux qui veulent régir la vie des autres sont toujours des emmerdeurs.

Si les princes qui nous gouvernent abîment beaucoup trop la société en 3 mois… eh bien nous ferons avec à notre retour. Quand on n’a pas la « chance » de faire partie des grands décideurs, il nous faut admettre, qu’hormis en temps de vote, notre seul pouvoir est de faire ce qu’on peut de notre vie avec les cartes plus ou moins pourries que le hasard nous a filées. Nous sommes peu sur la planète à pouvoir en dire autant. C’est un luxe, sachons en profiter.

Ce numéro du Coq (le 626ème ) est particulier puisqu’il sera le dernier qui accueillera les brèvounettes de Delevaga. Les plus anciens lecteurs se rappelleront son « Petit impromptu » hebdomadaire avant qu’il ne se consacre exclusivement aux brèves : Genre humoristique inventé par Desproges dans lequel Delavega a toujours excellé. Les brèves c’est du jazz : un cadre imposé, une improvisation de l’esprit, une rythmique impeccable, et l’intelligence pour toute tonalité.

Au nom de toute l’équipe présente et passée, je le remercie pour tout son humour, en sachant que l’actu étant bien moins originale que lui, nous aurions encore pu passer 20 ans à utiliser ses saillies simplement en changeant le nom des protagonistes. A titre personnel, je lui dis merci pour sa générosité, son élégance, son savoir-rire, et son amitié.

Cher Delavega, tu prends ta retraite l’année où ce fut le grand combat en France, et puisque la société a perdu, malicieusement, tu te décides à gagner tout seul. La liberté c’est savoir s’affranchir d’un groupe. Merci pour cette ultime leçon.

Allez on se quitte en musique avec Summertime la berceuse d’un opéra des frères Gershwin qui, en 1935, nous disaient que même si la vie n’est que survie, on peut toujours rêver qu’elle finisse par être facile. On l’écoute par Miles Davis et Gil Evans.

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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