Simone Veil humiliée au ciné

par | 25 Oct 2022

Après avoir raconté la vie d’une chanteuse de music-hall (La Môme), et celle d’une actrice devenue princesse d’opérette (Grace de Monaco), Olivier Dahan présente un film sur Simone Veil intitulé: Simone, le voyage du siècle. Elsa Zylberstein et Rebecca Marder interprètent le rôle éponyme, le film dure 2 heures et 20 minutes.

Autant le dire de suite, le meilleur moment du film est l’envie d’aller au cinéma pour voir l’histoire d’une femme dont la vie et les combats sont aujourd’hui unanimement salués. Puis, le film débute et là… comment dire? Peut-être simplement que Veil ce n’est pas Piaf, et ce qui pouvait à la rigueur passer quand on raconte les amourettes d’une chanteuse populaire devient effroyablement gênant lorsqu’on aborde la vie d’une femme politique élevée au rang de symbole.
Bien sûr, il y a de bons moments comme la première scène où l’on comprend que le maquillage d’Elsa Zylberstein pour jouer Simone Veil à 80 ans va nous faire penser tout le film soit à Jabba le Hutt, le batracien intergalactique de l’univers Star Wars, soit à M. Creosote, le pachyderme vomissant, dans Le Sens de la vie des Monty Python. Bref, on sent le navet dès les premières minutes.

On essaye de se rassurer en imaginant que le film doit être prévu pour une diffusion dans les collèges et les lycées la semaine précédant les vacances ou pour un dimanche après-midi pluvieux sur une vague chaîne de télévision. Car ce n’est pas bien grave un mauvais film, peu importe si on trouve le maquillage et le jeu des acteurs grotesques, que la caméra tourne dans tous les sens, que la mise en scène soit poussive, que les dialogues soient fades, la musique digne d’un Richard Clayderman en panne d’inspiration etc. le sujet est important, ça sera didactique et chiant mais bon s’il permet d’aborder l’IVG, ce sera déjà ça.

Puis c’est la catastrophe. Olivier Dahan n’est pas le genre de type à faire les choses à moitié. Ainsi, il décide de représenter le quotidien à Auschwitz. Là, on sort du navet pour entrer dans l’ignoble.
La musique, les effets de la caméra, les fondus, la mise en scène, c’est indécent. On ne fait pas un mélo tire-larme sur la vie dans un camp d’extermination, c’est abject.
Comment peut-on oser jouer à l’expérience immersive en utilisant la caméra pour être au plus près de l’horreur de façon aussi laconique? La Shoah n’est pas un terrain de jeu! Ce n’est pas le couloir où le gosse de Shining se promène à vélo! L’horreur des camps n’est pas un ressort à suspense, on se dit que ce salopard de Dahan a dû hésiter avec la 3D pour être plus «intense». On regarde les images de Dahan, et on se sent sali par la suffisance de ce con qui ne recule devant aucun pathos pour son film de merde. Les marchands de bons sentiments n’en ont jamais un seul.
Ce film voulait rendre hommage, il ne donne qu’envie de dégueuler.

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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