Nul est le seul mot qui vienne à l’esprit. Même en termes de show, la prestation servie par Éric Zemmour et Valérie Pécresse jeudi soir n’a en rien tenu ses promesses. Une cacophonie dont ni les candidats, ni la politique ne sont sortis grandis. En temps de désintérêt citoyen pour la chose publique, c’est sacrément con.
Le mépris face à l’hystérie. Ou comment Éric Zemmour et Valérie Pécresse se sont caricaturés eux-mêmes. Une courte majorité de commentateurs ont tout de même accordé le point de la victoire à la candidate Les Républicains. L’impétrante a notamment souligné le « gap » existant entre les mesures proposées par l’ancien journaliste du Figaro et la réalité. En face, l’essayiste restait sur son quant-à-soi intellectuel. Comme pour mieux souligner l’absence de vision de sa rivale et ses supposés changements de chapelle : « Tout est bidon chez vous, Madame Pécresse ! », lui a-t-il balancé au visage.
En vérité, deux perceptions de la politique se sont opposées durant cette soirée : celle du terrain contre celle de l’idée. La première faisant cruellement défaut à Zemmour quand la seconde manque indubitablement à Pécresse. Le paradoxe est que nous crevons, depuis des années, de cette séparation qu’eux deux (comme tant d’autres) entretiennent. Les trahisons socialistes, chiraquiennes, sarkozystes puis à nouveau socialistes, le règne de la realpolitik, la technicisation des thématiques économiques et internationales (du fait de la multiplication des traités et associations de libre-échange)… Tout cela a participé d’un affaiblissement de l’idée d’idéal en politique, mais aussi de l’intelligibilité de la chose publique.
Ajoutons que les rares tentatives d’ingérence citoyenne – le référendum sur la Constitution européenne de 2005 par exemple, mais aussi la Convention citoyenne pour le climat de 2019-2020 – se sont avérées relever de la parodie plutôt que d’un véritable exercice démocratique. Autant de raison expliquant la défiance vis-à-vis de nos dirigeants. Pour revenir à la dissociation de l’idée et du terrain : l’idée, l’idéal, la doctrine, le dogme en politique, ont disparu du débat public puisqu’aucune chose d’importance (économique, écologique) ne peut être décidée en-dehors des traités ; le terrain retrouve un peu ses lettres de noblesse depuis le Covid (qui a contraint les candidats à sillonner d’autant plus les routes françaises, à la rencontre des électeurs) mais les lieux de décisions se trouvent globalement tous à Bruxelles, Francfort, Strasbourg.
Se poser comme le défenseur de l’un ou l’autre de ces aspects est donc un non-sens absolu. Les séparer est encore plus imbécile. Ce qui rend le face à face de jeudi profondément inutile. Il a conforte seulement les spectateurs dans leur impuissance.
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