Un miroir dans ta gueule

par | 12 Avr 2022

Cher journal,
Les électeurs ont voté, la démocratie s’est exprimée, et c’est à nous de l’entendre. Trois camps apparaissent malgré les changements d’étiquettes: une vague idée de la droite avec Macron, une très vague idée de la gauche derrière Mélenchon, et une moins vague idée de la merde avec Le Pen. 

Maintenant c’est la finale, ne faisons pas comme si les deux équipes sélectionnées avaient la même tronche. On ne doit pas confondre un adversaire politique d’un ennemi idéologique. Renvoyer dos à dos Macron et Le Pen, en plus d’être stupide, est indigne. Ce n’est pas parce que l’on pense que l’ultralibéralisme, l’austérité ou encore la réduction des services publics sont les raisons de l’accroissement des inégalités sur lesquelles prospèrent l’extrême droite que nous devons nous abstenir de prendre position contre elle!

L’extrême droite ou droite nationale ou encore droite radicale, nommez-la selon votre science politique, n’est pas une idéologie quelconque. Internationalement elle s’acoquine avec Viktor Orbán, Poutine, Bachar al-Assad, c’est eux que vous confondez avec Biden, Olaf Scholz et Naftali Bennett? En voilà deux visions du monde, en voilà un vrai choix de société. Ce n’est pas parce que l’extrême droite n’est plus marginale qu’elle en devient acceptable. Peu importe à quelle distance des portes du pouvoir elle s’arrête, du moment qu’elle ne les franchit pas.

Ainsi ceux qui disent qu’ils n’iront pas voter au nom d’une pureté idéologique, avec tout le respect que je leur dois, sont des ordures. Ils ne veulent pas se salir les mains? Mais lorsqu’on combat l’ADN d’un parti totalitaire, un bulletin de vote c’est le minimum syndical! Mais pour qui vous prenez-vous? Vous seriez trop propres, trop nobles pour participer à repousser le Front (Rassemblement) National? Vous allez nous regarder faire le «job» en nous méprisant parce que nous essayerons de donner le plus faible score possible à Le Pen? Et si nous n’étions pas assez nombreux? Et si ce n’était pas suffisant, que feriez-vous en voyant la tête victorieuse de Marine Le Pen? La révolution? Ne me faites pas marrer, vous en seriez incapables, petits chats échaudés que vous êtes en refusant de vous mouiller pour le bien de tous.

Ah ils étaient beaux vos discours sur la VIe République, sur l’humanisme, la protection des plus faibles, les droits LGBT, la considération de tous mais, au final, quand l’histoire vous propose de faire un choix, un vrai choix, à savoir barrer la route à Miss Trump made in cocorico, vous partez bouder dans un coin. Vous n’êtes en rien des insoumis ou des rebelles, vous n’êtes que des lâches.

La démocratie est imparfaite mais elle n’en est pas moins précieuse, dommage qu’elle doive compter (un peu) sur vous.

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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