Vivons heureux, vivons cachés

par | 31 Mai 2022

Pas de politique aujourd’hui. Ou si peu. J’étais, durant quelques jours, perchée dans ma montagne, sur le versant italien des Alpes. Qu’il était bon de se retirer de la vie, ne serait-ce qu’un instant, éloignée des tumultes de la cité et des exaspérations quotidiennes que provoquent les relations (supposément) humaines du petit milieu urbain. 

Petit milieu s’exportant malheureusement de plus en plus dans nos campagnes. Car qui, aujourd’hui, peut prétendre avoir fait « le choix de la ruralité » plein et entier ? Ceux qui rejoignent les bourgades que j’affectionne y rejouent exactement la même partition que celle qu’ils ont usée dans leurs vies antérieurement citadines. Leurs préoccupations sont liées aux aliments, au sport, à tout ce qui touche à la « vie saine » – au détriment de la « vie sereine » –, au bien-être physique et psychique. Bref, les « néoruraux » – soulignons la laideur du terme – reconstituent leur cellule urbaine tournée vers l’apparaître dans un espace normalement dédié à l’être. 

Pourquoi l’être ? Parce que la vie à la campagne repose sur l’évidence de l’existence. On vit. Point, basta. Quelle importance du dernier sac de quelqu’obscure marque de vêtement au prix démentiel ? Quelle importance du dernier régime à la mode ? Quelle importance du positionnement politique des uns ou des autres ? Dans une bourgade de 500 âmes, on ne sélectionne pas. On subit, certes, mais on apprend à faire la part des choses. Finalement, on est bien plus dans l’action que dans la contemplation. Contrairement à ce que peuvent avancer un certain nombre de penseurs, désireux de couler des jours heureux à l’abri du tohu-bohu mondain. 

On ne vient pas chercher quelque chose à la campagne, si ce n’est le bon air – et encore, la pollution ne connaît pas de frontières. On y fuit. On y vient pour ne pas trouver ce qu’on trouve en ville. Seuls ceux qui s’y rendent sans arrière-pensée s’y sentent bien, dans leur élément. La campagne est le lieu de ceux qui n’attendent rien. Et même pour le plus édifiant des ambitieux, qu’il est bon, parfois, de ne rien attendre !

Par Gaston Lécluse

Par Gaston Lécluse

Élevée en bonne petite gauchiste, Gaston Lécluse est devenue la fierté de la famille en infiltrant un journal de droite. La seconde partie du plan : épouser un lepéniste influent et continuer d’ausculter le patriotisme, le nationalisme et l’extrême droite. Même si, en vrai, c’est pour déguster des petits fours à l’Élysée quand Marine sera présidente. Pour elle, le blasphème est une religion et la prière une hérésie. Recrutée au Coq par mégarde.
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