Apologie de la tarte (dans la gueule)

par | 11 Mai 2021

Moi, normalement, je suis plutôt du style bon garçon pas trop adepte de la violence. Notez quand on est quasiment aussi haut que large, et que la hauteur est inférieure à 170 cm, on évite de chercher des crosses aux autres, parce que les crosses, ben, on finit par les reprendre à Mach 2 dans la tronche. Mis à part une fois en boite en Normandie à cause d’un copain et quelques chipouilleries sans importance du temps de l’internat, j’ai évité les bagarres toute ma vie.

Tiens, c’est pas dur, même à Civilization 6, je tente de finir mes parties sans avoir à me battre, je vise les victoires scientifiques, culturelles ou diplomatiques – je ne cherche jamais la victoire religieuse, mon côté laïcard, certainement – et pas la domination militaire. Pour Donjons et Dragons, je ne suis pas contre un petit combat en passant, mais plutôt à distance, à l’arc, façon faux-derche. Et si j’adore les films de gros bourrins à la Expendables au cinoche et toutes les bouses avec Dwayne The Rock Johnson que je peux m’avaler, moi, ce serait franchement le side-kick rigolo mon rôle, pas celui torgnole à tout-va. Bref, les seules claques de cow-boy que j’ai mis dans ma vie, c’était sur des flippers pour éviter de perdre la bille ou pour choper l’extra-ball, encore un truc que les mômes ne peuvent pas comprendre, ah, la, la, quelle immense perte pour la culture ludique.

Bref, vous l’aurez compris, je n’ai aucune appétence pour la violence physique, je me contente d’un peu de forfanterie verbale, j’en appelle souvent aux grands coups de pelle, mais ils sont toujours métaphoriques et je n’ai pas la moindre sympathie pour les connards qui règlent leurs problèmes en alignant les mandales sur tout ce qui bouge. Une société civilisée commence par interdire à ces membres la brutalité des uns envers les autres, conservant le monopole de la violence légitime de l’État. Et moi, ça, ça me va bien.

Sauf là.

Vous l’attendiez, le voilà, le retournement de milieu de chronique, car après avoir dit tout le mal que je pense de la violence ordinaire, je vais y faire appel. C’est pas une surprise, mais moi, j’aime bien et puis, j’ai pris des habitudes au Coq, je ne vais pas changer juste pour essayer. Bref. Donc, je ne suis pas violent dans la vraie vie des vraies gens, mais je pense tout à fait sérieusement que Cyril Hanouna mérite de grandes baffes dans la gueule et ce ne serait que le début de la thérapie. Lire sur le fil Touitteur de ce connard inculte qu’il veut prendre en main l’organisation du Bac 2021 me donne des poussées de sauvagerie que je ne me connaissais pas. J’ai littéralement envie de le torgnoler, ce crétin autocentré et vulgaire, jusqu’à ce qu’il arrête de se prendre pour ce qu’il n’est pas.

C’est marrant, parce qu’en fait, en 2010/2012, par là, quand Touche pas à mon poste était sur les chaînes publiques et se contentait d’être une émission qui analysait le médium TV avec des professionnels de la profession, je trouvais ça pas mal, limite intéressante. Et pourtant, déjà, Sonotone, que je devrais écouter plus souvent, sauf quand il parle de musique parce qu’il est chiant, m’avait dit que ce type était malsain et qu’il puait la malhonnêteté intellectuelle. Je n’y avais pas cru. J’en suis tout recuit. Car depuis, mais pardon, c’est un festival de conneries homophobes, vulgaires, machistes, c’est le nivellement non pas par le bas, mais par les fosses des Mariannes, c’est la stupidité et l’inculture montées en système, bref, c’est haïssable de bout en bout et tout ça grâce à l’hubris d’Hanouna, ce crétin.

Pas plus tard que y a pas longtemps, ce sac à vomi s’est mis à déblatérer sur la laïcité et sur les caricatures, vagissant qu’il ne fallait pas faire d’humour qui choquerait les croyants. Ben moi qui crois à l’intelligence humaine, les émissions et la personne d’Hanouna choquent mes croyances, alors qu’il arrête, par pitié, qu’il arrête, ce gland à paillettes – ©Sonotone – et qu’il aille se faire cuire le cul et tout le reste dans l’Etna. Je sais bien qu’il ne faut pas souhaiter la mort des gens, d’ailleurs, je ne souhaite pas celle de cette bouse humaine, j’espère simplement qu’on lui décoche assez de salades de doigts dans le museau pour qu’il finisse par comprendre. Ce dont je doute vu qu’il est encore plus imbécile que ses téléspectateurs, ce qui n’est pas un mince exploit.

Dans l’une de ses dernières chansons, Reggiani disait « c’est drôle, les cons ça repose, c’est comme le feuillage au milieu des roses ». C’est joli, comme formule et chantée par un vieil interprète aux portes de la mort, c’est poétique. Sauf que là, le con, il ne me repose pas, il me donne envie de le cogner.

Mais je ne suis pas un poète, moi.

Par Naqdimon Weil

Par Naqdimon Weil

Naqdimon Weil est rédacteur. Il est aussi chroniqueur. Il est surtout social-démocrate universaliste, laïcard et sioniste. Il est gravement quinquagénaire et profondément provincial. Et, évidemment, il est dans le Coq.
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