Cabu 21991

par | 11 Déc 2018

Anthony CASANOVA est politiquement correct

C’est aux éditions Gallimard qu’est parue la biographie Cabu, une vie de dessinateur de Jean-Luc Porquet. Le journaliste du Canard, et ami du dessinateur de génie, nous raconte en 380 pages ce que fut Cabu. De son enfance paisible jusqu’au mal-être à l’armée, de son tout premier dessin publié pour L’Union de Reims au dernier fait à Charlie, ce fut tout de même une drôle de vie que celle de Cabu. La biographie excellemment documentée, référencée et sourcée comme il se doit, est un trésor pour tous ceux qui s’intéressent, évidemment, à Cabu mais aussi au dessin en général.

Les nombreux témoignages qu’a recueilli Jean-Luc Porquet dressent le portrait d’un homme aussi unique qu’affable, un humaniste bienveillant dont la gaieté ne trahissait jamais la lucidité. Pour nous conter son histoire, Porquet divise la vie de Cabu en 11 chapitres dont il extrait, à chaque fois, une thématique pour aborder un aspect particulier du dessinateur: on y retrouve l’écologie, mais aussi le jazz, ses diverses collaborations, ses voyages, sa générosité et, bien sûr, Charles Trenet. C’est fascinant de s’apercevoir à quel point Cabu travaillait. Car, sous ses airs de Duduche, il était le stakhanoviste du dessin de presse. Si l’on naît Jean Cabut par accident, on ne devient pas Cabu par hasard. En 60 ans de carrière, il a travaillé pour plus de 120 journaux et magazines, publié 69 albums, collaboré à plus de 200 livres, réalisé des tonnes d’affiches… Cabu dessinait partout, tout le temps, merveilleusement. 

Alors, si vous souhaitez faire un beau cadeau à mettre sous un joli sapin laïque, c’est le livre idéal pour cette fin d’année. En revanche, si vous désirez combler celui ou celle qui ouvrira vos cadeaux, ajoutez-y Cabu s’est échappé (aux éditions Les Échappés) paru en 2016. Un bijou dont peu de livres peuvent se vanter d’être aussi beaux.

En cette période où les gros beaufs de l’extrême gauche et de l’extrême droite rivalisent de connerie pour vilipender les journalistes, précisions que si Cabu était un dessinateur d’exception, il était aussi et surtout journaliste. Sa carte de presse avait le numéro 21991.
Il informait, il faisait rire et réfléchir, bref Cabu fut et reste un antidote à la médiocrité.

par Anthony Casanova

Anthony Casanova par Babouse

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
D'autres Chroniques

Insoumis, affranchis-toi

Cher Insoumis, dernièrement tu as entendu, la tête de liste pour La France Insoumise aux élections européennes, Manon Aubry, déclarer : « on ne peut pas faire l’union à gauche sans Mélenchon » en...

L’attrait du vide

Comment comprendre les violences grandissantes? Comment ne pas subir sans rien faire? Comment effacer les images sanguinolentes sans rien dire? Comment ne pas confondre les victimes et les...

Le mépris

Le mépris

Avez-vous entendu parler de « Coquelicots TV » ? Voici le désopilant surnom choisi par le candidat Bardella aux européennes pour désigner la chaîne Public Sénat. Le jeune président du...