Crémation fiche pratique (2/2)

par | 15 Mai 2018

Dans la mémoire de Lipowski

Deuxième partie de cette « Fiche pratique crémation », la première se clôturant sur les émanations polluantes des crématoriums.

Vous vous êtes aéré au cours de la semaine qui vient de passer ? OK, on peut continuer : oublions la pollution liée à la conso du crématorium lui-même, gaz, fioul, ou bois du bord du Gange si tu respires en Inde ; évoquons le reste à savoir :

– produits toxiques dans les cercueils (vernis, teintures, peintures)

– fonte à 850° des amalgames dentaires (mercure, plomb, cadmium)

– combinaison chimique des sels du corps humain (notamment l’acide chlorhydrique de la bile)

– vaporisation des dents en or, des vis et broches en platine ou titane, des piles de pacemakers ou, pour les morts des quartiers nord de Marseille, du plomb.

ache-pet-feu

Ce cocktail nous fait une très belle production de dioxyde de carbone, gaz à effet de serre moins puissant que le méthane issu de la décomposition des corps mais bien plus durable. (C’est compensé il est vrai par les pets sortant du cul des vaches qui, réactionnaires à l’instar du monde paysan, refusent toujours l’adjonction de pot catalytique.)

Pour limiter la casse on réfléchit très sérieusement, ce n’est pas une plaisanterie, à légiférer sur l’arrachage obligatoire des dents aux défunts. T’as intérêt à compter avant les dents en or de ton mort si tu ne veux pas te faire estamper par la suite. Vous allez dire que je rigole, mais non, au crématorium de Hambourg, pas plus tard que l’autre jour, procès : les employés avaient discrètement collectés pas moins de 31 kilos d’or, en 8 ans, soit un pactole de 273 000 €. On leur a demandé de rembourser, mais la Cour de Hambourg a donné raison aux employés arguant que « le corps ou toute partie de ce dernier n’appartenait à personne en particulier ». C’est en appel, le Tribunal Fédéral doit se prononcer, on attend.

Vous me direz, inhumation ou crémation, on n’a guère le choix. Et bien si. A condition d’avoir ce qui va souvent avec le choix : le pognon. Il existe désormais des alternatives, trois précisément : 1) la promession, on te congèle dans l’azote liquide puis on te réduit en poudre, ou 2) l’aquamation, là on te dissout dans un bain acide (comme le nettoyeur Harvey Keitel de Pulp Fiction) et tu deviens un liquide riche en éléments organiques que tes héritiers peuvent utiliser comme engrais pour leurs légumes ; c’est quand même autre chose que le compost qui pue le fumier, et puis ça sort pas de la famille.

ulp sanguine Fiction

Pulp sanguine Fiction

Enfin la 3) mais là faut être vraiment très riche (et très con) avec non plus l’enterrement mais l’enlunissement : la société Elysium Space propose depuis peu d’envoyer vos cendres dans la Lune moyennant la somme de 10 000 € le gramme. Cette société est américaine mais était-il besoin de le préciser puisqu’il n’y a qu’eux pour faire du business en te promettant la Lune.

(Si vous n’avez pas les moyens, Elysium Space propose toutefois un service plus accessible : une simple mise en orbite de vos cendres.)

Un ami, le musicien Jean-Pierre Alarcen, me fait remarquer que j’ai oublié une potentialité : le don du corps à la médecine. C’est payant mais pas très cher, voire gratuit si vous faites don à une école de médecine ; on vous congèle en attendant le jour où les futurs chirurgiens auront besoin d’entraîner leurs scalpels. Selon des rumeurs, il paraîtrait que certains amphis de médecine se transforment parfois en practice de golf… je vous laisse à penser ce qui leur tient lieu alors de balles… Ouille ! me direz-vous, mais non, « même pas mal », vu qu’à ce moment là, copieusement mort, vous vous en battrez sérieusement les ouilles.

Pour que le tour d’horizon soit complet faute d’être exhaustif, il y a l’aspect économique qui joue évidemment aussi son rôle bien qu’une crémation, désormais, soit quasi au même prix qu’un enterrement, le marché collant aux statistiques : on estime en effet que 50% des funérailles parisiennes, par exemple, se font aujourd’hui en crémations. Le bonus financier de la crémation réside essentiellement dans l’économie, éventuelle, du monument funéraire qui coûte un bras, sans compter l’acquisition même de la concession qui, fonction du prix immobilier de la ville, peut en coûter deux. A l’opposé, on le sait depuis The Big Lebowski des Frères Coen, l’urne, qui n’est pas très onéreuse, peut parfois être remplacée par un gros pot de quelque chose. Il est donc prudent de conserver une boîte de pop-corn à l’issue d’une séance de cinéma.

Une autre petite info sympa : quand on te crame, il reste en fait des os. Pour ne pas que ça tintinnabule dans l’urne quand on la remet à la famille, on passe donc un coup de mixer.

Ouf… j’ai pas tout dit ici, je vous fais grâce du reste mais ne manquez pas le Wikipedia consacré au sujet, c’est fort bien documenté.

Pour conclure cette Fiche Crémation, je me permettrai, sans vouloir le moins du monde vous influencer, une note personnelle. Jusqu’à il y a peu, j’étais assez partisan de la crémation en ce qui me concerne. Mais la recherche documentaire pour la présente fiche ainsi qu’une autre donnée m’ont fait changer d’avis. Je ne tiens pas à rajouter au dioxyde de carbone pour mes enfants et les générations futures, bien que je ne signerai pas les pétitions pour les pots catalytiques des vaches. Première raison ; la seconde tient au visionnage, récent, d’un film au scénario un peu intello il est vrai : Jurassic Park 4.

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 Réfléchissons un peu : au rythme où va la science, il est probable que le postulat improbable des x Jurassic Park – résurrection d’un être à partir de son ADN – s’avère un jour réalisable. Pas tout de suite, mais un peu plus tard. Si vous vous êtes faits cramer, à partir de quel ADN les scientifiques futurs vont-ils pouvoir vous ramener en vie ? Hein, je vous le demande.

CA ce raisonnement, mon fils Arthur a une réponse juste et à la fois blessante. « Oui, tu as raison, scientifiquement parlant. En revanche, si tant est qu’on arrive à ressusciter les morts un beau jour, les sociétés du futur préféreront ramener à la vie des génies, de Mozart et Einstein, plutôt que n’importe qui… soit dit sans te blesser ».

On ne peut plus déshériter ces enfants, selon la loi française… Pas grave, mon testament exigera une putain de sépulture en marbre, pas moins de dix mètres de haut, entre Johnny Hallyday et Pierre Desproges, soit au Père Lachaise. Je t’y dis pas le prix du mètre carré, mon fils.

par Jean-Pierre de Lipowski

A retrouver le webroman «Otium», de Jean-Pierre de Lipowski, ou, selon les dires de l’auteur, il raconte «sa vie, son œuvre, ses ongles cassés», avec force photos, archives son et vidéos et, accessoirement, humour.

Liens: webroman de J-P Lipowski

Par Jean-Pierre de Lipowski

Par Jean-Pierre de Lipowski

Après des débuts fort peu prometteurs en tant que comédien au café-théâtre dans la troupe du « Vrai Chic Parisien » de Patrick Font et Philippe Val, Jean-Pierre de Lipowski (également identifié par la D.G.S.I. sous le nom de Jean-Pierre Moreau), va sagement orienter son parcours vers la production. Aux côtés de Daniel Colling, il fera partie de l’agence artistique « Ecoute S’il Pleut », sera membre fondateur du festival « Le Printemps de Bourges », attaché de presse et programmateur du « Théâtre de la Gaîté Montparnasse ». Après une année à « Europe 1 » dans l’émission de Michel Lagueyrie « Le Syndrome de ma sœur dans la caravane passe », il s’oriente – par pure vénalité – vers la production télévision. Directeur des productions puis producteur pour une société qui souhaite ici rester anonyme (KM Productions), on le retrouve aux génériques d’une tripotée de productions, tels « L’ouverture de la Coupe du Monde de Football 1998 », « Le Passage à l’An 2000 » en mondovision, « La Nuit des César », « TV Festival de Cannes », chaîne officielle du festival, « La Folle Journée de Nantes » ou encore « One Shot Not », la série musicale de Manu Katché pour Arte. Auteur en parallèle, il signe le roman « La Grande Boulange » (Éditions Presse de la Renaissance) et la rubrique média du Charlie-Hebdo 2.0 (1992), tout en étant dir’com de cette équipe peu recommandable. Désormais replié dans le sud pour une retraite, studieuse mais méritée, il travaille à l’élaboration du long métrage « Pure et simple » dont il est scénariste signe les romans Louvre Story et Histoire à vous couper l'envie d'être pauvre et poursuit au quotidien l’écriture d’un webroman baroque, « Otium », où il offre à l’admiration des foules moult récits sur le thème « Ma vie, mon œuvre, mes ongles cassés »
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