De la liberté d’être esclave

par | 16 Oct 2018

Anthony CASANOVA est politiquement correct

Le comité des droits de l’Homme de l’ONU s’apprêterait à remettre en cause la loi française de 2010 sur la dissimulation du visage dans l’espace public qui interdit, notamment, le port du voile intégral. Par voile intégrale entendons le niqab (voile intégral masquant le visage des femmes à l’exception des yeux) et la burqa (voile intégral où un «grillage» en tissu recouvre les yeux des femmes). Le comité des droits de l’Homme de l’ONU, composé de juristes, ne doit pas être confondu avec le conseil des droits de l’Homme de l’ONU ayant pour sa part un rôle plus politique.

Le comité des droits de l’Homme c’est 18 «experts» en charge de faire respecter le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en vigueur depuis 1976. Si le comité «sanctionne» la France ce serait parce que la loi française de 2010, empêchant les femmes musulmanes de porter le niqab ou la burqa, porterait préjudice à leur «liberté» religieuse. Rappelons qu’en 2014, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) avait validé la législation: «Consciente que l’interdiction contestée pèse essentiellement sur une partie des femmes musulmanes», mais que la loi «n’affectait pas la liberté de porter dans l’espace public des éléments vestimentaires qui n’ont pas pour effet de dissimuler le visage et qu’elle n’est pas explicitement fondée sur la connotation religieuse des vêtements, mais sur le seul fait qu’ils dissimulent le visage».

Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques fut adopté en 1966 soit 10 ans avant son entrée en vigueur. Ce Pacte international a un but universaliste qu’il serait malvenu de contester. Si personne ne s’attendait, dans les années 60, à réfléchir sur la «liberté» des femmes à s’emprisonner dans une uniforme religieux, tous les observateurs s’accordent à dire que le comité des droits de l’Homme soumettra une recommandation (le comité n’a aucun pouvoir de contrainte) allant contre la loi de 2010. Cependant, l’article 18 du Pacte international pourrait servir ceux qui pensent que le voile intégral n’a pas sa place dans un monde en quête de liberté et d’émancipation:
«Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; (…) La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet que des seules restrictions prévues par la loi et qui sont nécessaires à la protection de la sécurité, de l’ordre et de la santé publique, ou de la morale ou des libertés et droits fondamentaux d’autrui

Ce serait pour le comité des droits de l’Homme une faute inquiétante de ne pas reconnaître que le voile intégral pose un problème de sécurité et d’ordre public: Comment accepter qu’une personne puisse dissimuler son visage que ce soit en entrant dans un commerce, en allant chercher un enfant à l’école, en conduisant, ou simplement lors d’un contrôle d’identité? Ce serait pour le comité des droits de l’Homme une faute lourde et impardonnable de ne pas reconnaître que le voile intégral est une atteinte à la liberté et aux droits fondamentaux des femmes. La burqa et le niqab sont deux accoutrements qui revendiquent l’inégalité entre les hommes et les femmes. C’est l’étendard de ceux qui déshumanisent les femmes pour les asservir au profit des hommes.

Il serait intolérable que le comité des droits de l’Homme de l’ONU, soucieux du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, légitime de quelques manières que ce soit une prison fusse-t-elle de soie. Personne n’a le droit de dire qu’une femme, parce qu’elle est femme, doit se cacher aux yeux du monde. Personne n’a le droit de sous-entendre qu’il serait tolérable de demander à une femme de dissimuler ses mains, sa bouche, son nez, ses yeux parce qu’elle serait biologiquement la propriété d’autrui. Trop de femmes furent et sont assassinées en réclamant le droit de ne pas être voilées pour concevoir que le comité des droits de l’Homme de l’ONU puisse faire de l’aliénation un synonyme de liberté.

«Quand la femme est grillagée
Toutes les femmes sont outragées
Les hommes les ont rejetées
Dans l’obscurité» (Pierre Perret)

par Anthony Casanova

Anthony Casanova par Babouse

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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