Emma

par | 12 Mar 2019

Christophe SIBILLE et sa lectrice

 

Amie lectrice, je vais commencer très fort! Renaud est un con!
– Lectrice: Comment ça? Tu rigoles? (Oui, ne m’enlevez pas mes illusions; ma lectrice ne me répond pas «en vrai», mais c’est la première fois que je lui donne la parole, et une première fois, c’est toujours riche d’émotions. Et puis, c’est ma chronique, je fais ce que je veux, non mais!)
– Moi: Non, je suis triste. J’aime beaucoup ses chansons. Enfin, celles du temps où il chantait des chansons. Pas l’album posthume qu’il a réalisé de son vivant. Toutes? Non. Disons, presque toutes.
– Lectrice: Ah bon? Et puis-je, sans indiscrétion, te demander laquelle ne te plaît pas, que je sache si je dois ou non te cramer les moustaches?
– Moi: Noooon, pas les moustaches! C’est le seul vecteur de réveil de libido féminine qui me reste!
– Lectrice: Alors, accouche, espèce d’islamophobe!
– Moi: Miss Maggie.
– Lectrice: Pardon? Moi, c’est Arlette, il y a erreur.
– Moi: Dans la chanson: «miss Maggie», Renaud dit bien qu’aucune femme ne sera jamais aussi con que son frère?
– Lectrice: Et alors?
– Moi: Et alors, je suis désolé, mais j’ai un contre exemple, autre que madame Thatcher.
– Lectrice: Hahaha! C’est les couilles, que je vais te couper, mon beau, en fait! Tous les hommes sont tous des gros blairs, et les moules-touffes radfem ne vont pas tarder à venir vous écraser comme des…
– Moi: Allez, ferme-là, c’est ma chronique, je t’ai déjà dit! Si ça continue, je te métamorphose en lectrice de Thierry Rocher!» Fin de la blague, non mais!
Ah, merde, j’ignorais que ma lectrice était une féministe radicale. Elle n’a finalement pas dû comprendre grand-chose à ce que j’écrivais jusque-là.

Bref, ô ma désormais autre lectrice, as-tu entendu parler d’une nommée Emma? Une «dessinatrice.» Je mets le mot entre guillemets pour que Babouse, Ranson et tous les talentueux copains qui partagent ces colonnes méritent cette appellation ne viennent pas légitimement me péter la gueule. En effet, pour ce qui concerne la finesse du trait, Plantu, à côté, c’est Reiser. Mais ce n’est pas le plus grave. Je plante la scène; deux filles qui discutent. Une est tout ce qu’il y a de plus caucasienne. Et enceinte. La deuxième est voilée. Donc, «a priori», plutôt outre-méditérannéenne, même si l’indigence technique de ladite Emma est incapable de le souligner. Mais accordons-lui cette fois le bénéfice du doute, après tout, il y a des collabotes parmi nous. Le phylactère de la première: «tu sais que dans d’autres pays, les femmes sont obligées de se voiler. Tu pourrais être solidaire.» Réponse de l’autre: «tu sais que dans d’autres pays, les femmes n’ont pas le droit d’avorter. Tu pourrais être solidaire.» Je t’avoue quand-même que j’ai hésité quelques minutes à croire que c’était aussi con que ça en avait l’air. Alors, dans le doute (ma bite), je suis allé en voir un autre.

C’est une femme et un homme, cette fois. La première fait son jogging. Habillée de pied en cap, et la tête couverte d’un «hijab». L’homme la suit, en disant: «libère-toi! Pense aux hommes qui veulent te mater.» Comme je suis à la fois humaniste et optimiste, sous mes dehors crypto-dépressifs, je me suis dis «in petto»: «Ce n’est pas possible, on ne peut pas être à la fois une pauvre abrutie et une immonde féministe essentialiste à ce point, je vais aller voir si elle a un site, pour en savoir plus.» Je suis tombé sur: «les réalités de la maternité vus par Emma. Des dessins forts et touchants.» Concernant les dessins, pas faux. Leur nullité est fort touchante.  «Les réalités de la maternité», c’est une fille qui a fait un môme et qui n’arrête pas de se plaindre qu’elle ne peut pas dormir, qu’elle a un gros bide, que le chiare n’arrête pas de chialer, qu’elle a eu des contractions pendant six heures, qu’on lui avait mis un magnifique slip géant pour recueillir les flots de sang après l’accouchement, je tampax et des meilleures, (oui, faut bien déconner un peu, si j’ose dire en l’eau cul rance.) Si ce n’est que ça, fallait pas en faire, connasse, au lieu de ne faire que chouiner! Tiens, pour finir, moi aussi, je vais essayer d’être aussi con que toi; «Emma, fais-toi amputer du clito, car «dans certains pays, l’excision existe, tu pourrais être solidaire!» Merde, à la fin!

par Christophe Sibille

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Par Christophe Sibille

Par Christophe Sibille

Christophe Sibille a enseigné la musique à de futurs instituteurs durant 32 ans. Il a aussi écrit des brèves pour plusieurs journaux satiriques ou humoristiques dont Charlie Hebdo. Dans les années 80-90, il accompagna le duo Font et Val au piano. Il anime sur Radio Balistiq l'émission "Le Balistiq café" tous les jeudi 19 heures
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