Une dépêche de l’AFP l’annonçait il y a quelques jours, Les éditions Fayard auront la primeur de publier en 2021 l’unique œuvre d’Adolf Hitler… après l’avoir déjà éditée, avec l’aval de l’auteur, en 1938. C’est ainsi, chez Fayard, on est fidèle jusqu’au bout des ongles arrachés.
Certes, après quelques millions de morts, Les éditions Fayard vont inclure quelques pages «critiques» à cette parution annoncée depuis 2011. Oh le beau projet!
Les éditions Fayard seront donc les premières à exploiter l’arrivée dans le domaine public du livre d’Hitler. Attention, pas toutes les éditions étaient sur le coup, on peut même annoncer, sans se tromper, que Fayard grille plus la priorité aux Éditions Soral-Dieudonné qu’à la Bibliothèque de La Pléiade… mais, que voulez-vous, on a les concurrents que l’on mérite.
Bien qu’il soit important de servir le 5ème art, la publication d’un livre coûte du fric, et il va donc falloir que la fine équipe de chez Fayard se mette à faire de la publicité ou plutôt de la propagande comme on disait à l’époque.
Alors aurons-nous droit à de jolis spots à la télévision et à la radio nous annonçant, à grand renfort de musique angoissante, la parution du «livre le plus sulfureux de l’Histoire»?
J’imagine les slogans tout droit dégueulés d’une agence de communication «tendance» pour vous interpeller la curiosité:
«Le livre qui a fait plus de morts qu’il n’a de mots»; «Hitler: peintre? dictateur? ou simplement auteur?»; «Mein Kampf, le best-seller des pays analphabètes»; «La plume: plus forte que l’épée mais moins que les chambres à gaz».
Oh oui chers lecteurs, venez sentir le souffre, imprégnez-vous de cette petite odeur putride en tournant les pages, régalez-vous du bon temps où l’on pouvait encore nommer un Juif: un youpin. C’est ça, c’est bon, ça pue, viens goûter du macabre, et pars nous placer Hitler en tête des ventes! Ah la belle image au rayon d’un supermarché où Hitler trônera entre Elle s’appelait Gourdasse de Marc Levy, et Astérix chez les Connards.
En revanche, ne me parlez pas des méfaits de la «prohibition» ou de la «censure». Mein Kampf était déjà disponible pour les universitaires et autres chercheurs travaillant sur Hitler. Il n’y avait aucunement besoin de l’ajouter à je-ne-sais-quel catalogue, et surtout de le mettre en vente. Je n’ai pas lu Mein Kampf et ne le lirai jamais. À ma décharge, il faut dire que je n’ai pas fini Balzac, et j’ai d’autres priorités littéraires que celle de me plonger dans les délires paranoïaques et antisémites d’un homme qui donna à l’horreur un système politique.
Puisqu’on en parle, qui sera ce quidam accourant s’offrir Mein Kampf? Qui va se presser d’avoir cette immondice dans son salon?
1) Le fan qui s’était déjà procuré Les chants du IIIe Reich produit par Jean-Marie Le Pen.
2) Le curieux souhaitant égayer sa vie de merde avec un livre qui en est la quintessence.
3) Le rigolo voulant faire un cadeau «borderline».
4) L’esthète à la con qui pensera être au summum de la pertinence en lisant la pensée du plus important criminel contre l’Humanité.
Le point commun entre ces quatre calamiteux: ils n’auront aucunement besoin des «pages critiques» qui serviront de cache-sexe aux Éditions Fayard pour justifier leur fascination pour Adolf Hitler depuis presque 80 ans.
Mais peut-être que Les éditions Fayard ne s’arrêteront pas là, et qu’ils prévoiront assez vite une bande-dessinée pour les enfants, avec une petite légende critique pour indiquer, à nos chères têtes blondes, de quelle couleur il faut colorier les étoiles des déportés.
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