Journal d’une Voyageuse Moderne

par | 30 Avr 2019

Les humeurs de MYRIAM

Jour 1 : Enfin ! Arrivée en Papouasie Nouvelles Guinée, à Port-Moresby…  Moment tant attendu, vivement espéré depuis ma sinistre et grisâtre chambrette parisienne aux volets clos ! Perle du Pacifique Sud, Capitale du Grand et Terrible Océan (et accessoirement du crime)… Ô Drake, Ô Cook, Ô Bougainville, j’accours à vous !

Jour 2 : Très étonnant. Les autochtones semblent à peine remarquer ma présence, mais sont néanmoins très curieux. Je remarque que lorsque je sors ma carte bleue et mon appareil photo, des groupes de jeunes gens s’approchent timidement et semblent intrigués. J’imagine que ce moyen de paiement leur est inconnu, de même que les daguerréotypes modernes. Bien que déçue que les habitants ne soient pas en tenue d’Eve ainsi que je l’attendais (ils sont vêtus de banals « blue jeans » et autres « tee-shirts », la « mondialisation » fait décidément bien du mal !), je note avec bonheur qu’ils ont néanmoins conservé une tradition toute insulaire et sans doute millénaire : le port du couteau, voire de la machette,  à la ceinture.

Jour 3 : Très ennuyeux. Je m’aperçois que j’ai perdu ma visa. Sans doute l’ai-je égarée par mégarde. Impossible également de retrouver mon appareil photo. Sans doute l’ai-je oublié au marché. Note pour l’avenir : être moins tête en l’air.

Jour 4 : Je laisse sans regret la trépidante capitale derrière moi pour m’envoler vers des contrées plus reculées,  sauvages et lointaines, où la main de l’homme n’a encore jamais mis le pied. L’Aventure est à ce prix, dussè-je y aller en pirogue et m’arracher les mains des jours durant sur d’antiques pagaies de bois !

Jour 5 : Mon Voyage a commencé. Arrivée hier, après une courte heure de vol (curieusement je n’ai trouvé aucune pirogue à Port-Moresby, la « modernité » fait bien des ravages)  sur l’île de Bougainville, dans l’archipel des Salomons. Note : ce nom est curieux… Y aurait-il eu des rois israélites dans cette contrée éloignée ? Ce serait bien possible, ils sont partout !! Dans le doute, se méfier, et dissimuler mon porte-monnaie.

Jour 6 : Ah, l’Océan ! Que d’eau, que d’eau !

Jour 7 : l’Océan, encore et toujours ! Quel bleu, quel bleu ! Je ne m’en lasse pas. Cette vision enchanteresse me donne soif.  Et dire qu’il n’y a pas d’eau potable ! J’implore le Ciel et ses Stratocumulus tandis que ces autochtones imbéciles vont acheter des bouteilles d’eau minérale.

Jour 9 : Enfin, il pleut ! O, pluie torrentielle et providentielle ! Ces orages tropicaux sont une merveille, que ne suis-je poète pour chanter la foudre majestueuse qui s’abat sur l’ile…Note pour l’avenir : l’eau de pluie est impossible à attraper sans récipient.

Jour 10 : Pluie. Je me familiarise avec la faune locale. J’entreprends une étude depuis ma chambre d’hôtel : fait extraordinaire, les araignées, cafards, salamandres, crapauds et rats sont bien plus grands et abondants que sur notre Vieux Continent. Et dire que de nombreuses espèces n’ont pas encore été mises à jour ! J’évoque avec enthousiasme les possibles et futures découvertes entomologistes avec la propriétaire de l’hôtel. Pour seule réponse, un regard noir. Ces gens-là n’aiment pas la nature.

Jour 11 : Pluie. J’étudie avec amusement d’inconnus et mignons insectes volants apparus en nombre avec le déluge. La propriétaire de l’hôtel m’observe du coin de l’œil. J’imagine qu’elle est fascinée par mon comportement occidental, et que mes moindres faits et gestes seront commentés avec ardeur et révérence auprès des membres de sa tribu…(note pour l’avenir : demander l’origine de ce geste singulier consistant en un majeur relevé au milieu d’un poing fermé.)

Jour 12 : Pluie. Je remarque de nombreux boutons apparus sur tout mon corps, et qui me démangent affreusement. Il s’avère que les insectes d’hier sont appelés « moustiques », et que leurs piqures peuvent provoquer des maladies…  J’ai peur. Mais la peur n’est-elle pas le terreau fertile sur lequel croissent les aventuriers les plus intrépides ?

Jour 13 : Pluie. J’ai acheté de l’anti-moustique.

Jour 14 : Pluie. Je commence à me faire chier.

( à suivre…)

Par Myriam

Par Myriam

Par Myriam

Passionnée de nature et de vie sauvage, Myriam a rejoint l'équipe de rédaction en pensant intégrer une revue prestigieuse sur les gallinacées en voie d'extinction. Réalisant son erreur, elle a quand même souhaité rester avec ces drôles d'oiseaux. Même quand elle n'a rien à dire, elle le dit quand même, avec un aplomb qui n'a d'égal que celui dans l'aile du Parti Socialiste. Caution féminine des plumes du Coq, elle n'hésite pas à abuser de ce privilège, et arrêtera de le faire quand les poules n'auront plus la dent dure.
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