Les régionales ouvrent le bal

par | 25 Mai 2021

A moins d’un an des élections présidentielles, les régionales -outre l’enjeu local- vont nous aider à anticiper la prochaine course à l’Elysée. Certaines questions auront un semblant de réponse, et d’autres nous paraîtront encore plus floues. Parmi ces interrogations récurrentes, il y a:
– «Macron a-t-il encore la côte du premier de cordée?», 
– «qui sera en pôle position à droite?»,
– «allons-nous réussir à éviter la victoire du Rassemble-front national?»,
– «électoralement parlant, la gauche ne serait-elle pas la grenouille qui se prend pour un boeuf?»,
– puis, l’ultime colle, «si on comptabilise les votes blancs, les votes nuls et l’abstention, est-ce que ça ne servirait pas à rien?»;
bref, les régionales sont un peu les préliminaires de la présidentielle.

Puisque les sondages nous préviennent que le second tour des présidentielles se jouera entre Macron et Le Pen, les partis de gauche et la droite (via Les Républicains) se demandent ce qu’ils doivent faire ou dire pour accéder à la finale. Quant à Macron, il s’inquiète de savoir si l’abstention, la lassitude et l’aigreur d’un match joué d’avance, ne risquent pas de lui faire perdre l’élection. A contrario, Le Pen et l’extrême droite réfléchissent à la manière dont elles pourraient tirer avantage de l’abstention, de la lassitude et de l’aigreur de ce match faussement joué d’avance.

Alors, au bout de cinq ans d’une communication entre «ni de gauche ni de droite» voire «de droite et de gauche», LREM a décidé de sortir le lapin du chapeau en région PACA en proposant à Renaud Muselier (LR) d’être le candidat de la majorité présidentielle. Suite à une belle bronca, le «projet» est tombée à l’eau. Rappelons qu’en 2015, Marion Maréchal Le Pen avait obtenu 40,55% au premier tour et 49,14% au second tour. Or à la différence de 2015, ce n’est plus Marion Maréchal qui représentera l’extrême droite mais, l’ancien ministre de Sarkozy, Thierry Mariani. Ainsi, ce sont deux figures de la droite RPR-UMP-LR qui s’affronteront. Muselier et Mariani, chacun à leur manière, représentant les tiraillements du parti de droite «historique».

S’il est entendu qu’en France nous avons la «gauche la plus bête du monde», il semblerait que la droite ait les électeurs les plus cons du monde car, apparemment, ils ne se sont pas encore aperçus que leurs idées siégeaient à l’Elysée. Pauvre Macron, le voilà tout penaud en train de dire à la France:
«Mes chers compatriotes, je ne sais pas comment vous le faire comprendre mais la politique ce n’est pas forcément comme le slogan du Port-Salut, ce n’est pas parce que ce n’est pas écrit dessus que ça n’en est pas. Ainsi, le RN reste le FN et est d’extrême droite; et LREM, l’UDF, le MoDem, le RPR, l’UMP ou LR, peu importe la nouvelle étiquette, c’est la droite! Voilà, c’était donc le spoiler le plus tardif de l’histoire: c’est la droite qui a gagné en 2017.
Merci de votre compréhension (tardive)».

C’est le revers éternel de la démagogie, la moralité que n’aurait pas dédaigner La Fontaine, la maxime qu’il faudrait peut-être penser à enseigner à Sciences Po: à force de prendre les gens pour des cons, ils le deviennent.

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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