Cette semaine, la marque américaine Hasbro a annoncé que sa célèbre ligne de jouets “Monsieur Patate” allait abandonner la référence genrée dans le nom et le logo de la marque.
Baptisé (on imagine à l’huile de friture) depuis sa création en 1952 “Monsieur Patate” (“Mr Potato Head”, en version originale), verra donc bientôt son qualificatif “Mr” abandonné pour devenir « Potato Head ».
Afin d’assurer un maximum de visibilité à ce coup de marketing dans l’air du temps, Hasbro a assorti cette innovation majeure d’un communiqué gratiné, indiquant vouloir “s’assurer que tout le monde se sente le bienvenu dans le monde des têtes de patates ».
A cette lecture, on réalise qu’Hasbro maîtrise parfaitement la recette de la pomme de terre en robe des champs lexicaux.
Sauf que nous, consommateurs, on frise l’indigestion.
Car en réalité, si le nom du jeu est modifié, le contenu dans la boite, qui,lui, demeure inchangé, permettait déjà de réaliser toutes les combinaisons de genre possibles, au gré des accessoires à mixer selon l’envie.
Et c’est là que ça devient gentiment agaçant, non de nom !
Car la décision d’Hasbro, basée sur la seule économie de modèle de production du jouet tout en améliorant l’image de la marque, n’a évidemment rien d’inclusif et n’œuvre certainement pas plus pour le bien de « tout le monde ». Le capitalisme n’a pas plus d’opinion politique que Christine Boutin n’a de sex-appeal.
Bien au contraire, changer le nom de ce jeu est cynique et délétère.
Parce que changement induit que des consommateurs pourraient être blessés par le seul nom du jeu. Et donc, cela induit que nous sommes stupides et d’une sensibilité pathologique. Et pire, insidieusement, cela va contribuer à créer des victimes (parce qu’à force d’entendre « vous devriez vous sentir offensé », des gens vont vraiment finir par le ressentir).
Purée ! Comme si une femme (cis, bi, trans ou peu importe) pouvait être offensée parce qu’un jeu s’appelle « Monsieur ». Et bien non. Et encore heureux.
Et si, par extraordinaire, il se trouvait quelques personnes pour être réellement offensées par le qualificatif « Monsieur » accolé sur une boîte, ces con-sommateurs ne méritent aucun égard spécifique tendant à ce qu’ils ne se mettent plus la rate au court bouillon pour quelque chose d’aussi insignifiant.
Une fois de plus, la règle du je l’emporte sur les règles élémentaires de bienséance psychiatrique : s’en tamponner le coquillard.
En revanche, cautionner ce cynisme mercantile, en y voyant du « progressisme », c’est tomber dans un panneau grossier tendu par des sociétés avides de fric qui surfent sur une tendance en prenant les gens pour des cons. Et ce n’est pas une avancée, de prendre les gens pour des cons.
Je refuse qu’on crée des conditions pour que nos filles, nos nièces et leurs copains se sentent un jour offensées pour si peu. Ce qui compte, c’est que tout le monde puisse y jouer, ce qui est déjà le cas.
Alors je dirais bien à Hasbro d’aller se faire féculer, mais ça ferait mauvais genre.
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