Syndicat caca

par | 30 Mar 2021

Il faut absolument que les élèves aient des cours d’éducation aux media, à l’école!
Ah, voilà une idée qu’elle est bonne!
Mais où qu’on va donc les mettre? Y’a déjà les heures de vie de classe, (en trois mots, parce que c’est vrai qu’on entend: «vide-classe», et ça, c’est juste un rêve érotique de prof qui en a plein le cul des classes à quarante élèves en collège. «Vie-de-classe.»)

Et ça veut dire quoi, «vie de classe», au-delà de l’apparence légèrement oxymorique de l’expression?
Je suis allé sur le site de l’ONISEP, (L’Office national d’information sur les enseignements et les professions. Enseignement  du second degré, qui en est par ailleurs totalement dépourvu, de second degré), pour ne pas raconter trop de conneries. Et, toujours pour la même raison, voici ce que j’ai lu: «Les heures de vie de classe sont inscrites à l’emploi du temps des élèves de la 6e à la 3e, pour un dialogue régulier entre les élèves de la classe, ainsi qu’entre les élèves et les enseignants ou d’autres membres de l’établissement. Globalement, elles ont pour objectifs d’améliorer la communication dans le collège, de favoriser la réussite des élèves et de lutter contre toutes formes d’incivilité et de violence. Les élèves peuvent également travailler sur des projets de classe (écrire une charte de vie de la classe par exemple). C’est aussi durant cette heure que le professeur principal prépare et rend compte du conseil de classe.»

Hébé, je sais pas depuis quand ça existe, mais qu’est-ce qu’on n’inventerait pas pour sucrer des heures de maths ou de français. Des heures où les élèves sont instruits, c’est à dire où ils ne construisent pas eux-mêmes leurs propres savoirs. Et là, on imagine l’étudiant en première année de médecine à qui on filerait les outils du chirurgien en lui disant: «vas-y, à toi, ouvre nous donc ce thorax.»

Car oui, le problème est bien là. Et, pour revenir à la phrase initiale de cette chronique, la seule vraie «éducation aux media», (même si le mot «d’éducation» me souffle un peu dans les gonades dans le cadre des apprentissages, car je rappelle que l’éducation, c’est à la maison, pas à l’école. Et de préférence avant que les enfants arrivent dans les classes maternelles. Car si les parents ne sont pas capables d’éduquer leur enfant en s’y mettant à deux, je ne vois pas pourquoi un enseignant, aussi qualifié soit-il, puisse à lui tout seul le faire pour trente-cinq qui ne sont pas à lui.
(Merde, où j’en étais) Ah, oui. Les media.

Mon cher ami, toi qui a trouvé cette idée lumineuse d’éducation aux media, (ou mes chers amis, car pour une connerie de cette ampleur, faut s’y mettre à plusieurs. Et même: «ami.e.s», car j’ai écrit cette chronique le 8 mars et je profite de cette date pour rappeler qu’il y a parité parfaite entre les abrutis des deux sexes), réfléchissez une minute. De la même manière que tout ce qui relève de la vie de classe, (en deux mots), peut très vraisemblablement se régler dans la cours de récré, la compréhension des mass-media et de ce qui s’y dit est en principe ontologique à ce que contiennent les programmes de l’école. Enfin, les programmes de l’école avant que les pédagogols ne mettent la charrue de la pédagogolerie devant les bœufs des savoirs à enseigner.

En virant les bœufs et en ne gardant que la pédagogolerie, soit dit en passant.

Si tu as appris l’orthographe et la grammaire à l’école primaire, les quatre opérations, les fables de multiplications et les tables de la Fontaine en cycle 2 et 3, (je ne suis pas très exigeant, il y a cinquante ans, c’était en 9è, donc en CE1), si tu as étudié Molière, Voltaire, Maupassant, Euclide et Thalès en cycle 4, et un petit coup de Saint Augustin et de Spinoza en terminale, tes neurones te rendront réceptif à la juste compréhension de l’actualité. Et ça t’évitera d’écrire sur «twitter»: «Invitée à débattre ce soir sur Cnews, je n’irais pas, (irais, a-i-s.) Je n’irais (a-i-s de nouveau) pas car l’Unef ne peux (p-e-u-x) pas intervenir sur cette chaîne comme si Eric Zemmour n’y était pas un chroniqueur, comme s’il n’avait pas appelé au meurtre des musulman.e.s et des juif.ve.s.» Fin de citation.

Comme, ne faisant pas partie de la FSU, je n’aime pas dénoncer, je ne vous dirai pas le nom de l’autrice de cette prose, (oui, autrice, c’est moins moche que: «auteure». A peine, bon, O.K.), mais vous avouerez avec moi que la forme est tout à fait raccord avec le fond, et qu’ils le touchent tous les deux … Le fond.

Hé oui, bac + 3, licence de droit, et représentante syndicale. Et peut-être future avocate ou magistrate. Et Sarko était peut-être hélas à moitié prophétique en disant: «Vous voyez, j’avais raison, la justice française est vraiment pourrie».

Par Christophe Sibille

Par Christophe Sibille

Christophe Sibille a enseigné la musique à de futurs instituteurs durant 32 ans. Il a aussi écrit des brèves pour plusieurs journaux satiriques ou humoristiques dont Charlie Hebdo. Dans les années 80-90, il accompagna le duo Font et Val au piano. Il anime sur Radio Balistiq l'émission "Le Balistiq café" tous les jeudi 19 heures
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