On a besoin de rêver mais on ne prend pas tous la même direction. A l’occasion du couronnement de Charles III, on ne peut que s’interroger sur le positionnement du peuple face au souverain qui se retrouve en place , fruit des hasards de la vie et de la reproduction. Besoin du peuple anglais de se soumettre à un dieu qui s’est homme ou à un homme qui s’est fait dieu, c’est selon l’angle de vue que veulent exprimer les protagonistes.
Le peuple aime tout ce qui brille et qu’il ne pourra jamais obtenir. Cela fait rêver. Mais le rêve a plusieurs dimensions. Quand la petite fille s’imagine en princesse avec une robe luxueuse, elle se projette dans ce personnage inaccessible à l’opposé de son quotidien.Et la petite fille devenue adulte verra ses rêves se transformer même si le socle de l’admiration reste identique et aussi solide qu’avant. Un autre monde à portée de main ou presque. En regardant le monde fantastique de la famille royale anglaise, on aurait pu penser que cela intéressait uniquement nos amis britanniques, eh bien non ! Les Français sont venus en nombre pour cette cérémonie du 6 mai tout comme les amoureux de la couronne venant du monde entier. Visiblement, les pays qui n’ont pas de roi saint en manque.
Toujours ce besoin de luxe affiché. Et quelqu’un qui est en place avec un droit divin qui dépasse l’ordinaire et le médiocre apporte un côté immuable, rassurant. De là à se dire que l’on s’imagine à la place du monarque, je ne sais pas. C’est vrai que l’avenir royal est souvent bloqué sauf dans le cas d’une roturière qui susciterait un amour incontrôlable d’un roi ou d’un prince. Mais on peut rêver sans se projeter soi-même. Prendre conscience de l’irréalités du sujet d’admiration. Tout ce qui apparaît comme un problème dans la vie de tous les jours est effacé en scrutant le monarque, en premier lieu les valeurs qu’il véhicule: :l’absence de mérite, le coût pour la société,
La phase d’identification terminée, il reste ensuite la fascination indélébile. Une fascination que l’on retrouvera aussi chez les fans de M’Bapé ou de Messin qui génèrent du rêve, des rêves aptes à se renouveler. Peut-on vivre sans objet d’admiration qui dépasse la raison? Les contours de la raison restent flous.
A titre personnel, je regarde amusé les royalistes de tous poils avec cette mascarade carnavalesque qui n’est pas dangereuse collectivement même si d’un point de vue individuel, elle ne favorise pas l’épanouissement personnel et le sens critique. Pour ses admirateurs, Charles III est un rempart, une protection face à un monde en mouvement, un monde qu’on ne maîtrise pas.
Alors dans tout ça, voir raison, avoir tort ? Je peux juste prendre position avec un clin d’oeil pour mon dernier livre qui vient de sortir « Les bonnes raisons de ne pas avoir tort » (Editions du Net ».
Bonne lecture !
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