Z comme…

par | 21 Déc 2021

J’adore la musique, sans laquelle la vie serait une erreur, comme le dit le grand Friedrich Nietzsche, qui, contrairement à Benjamin Biolay, en a lui-même composé. Elle a même été extrêmement présente dans ma maison familiale, depuis ma naissance, et certainement avant, car je ne pense pas que mes parents se soient décidé à allumer France-musique à longueur de journée uniquement pour couvrir les braillements de l’insupportable bambin qu’à peu près toutes mes «ex» pensent que j’étais. A longueur de journée, Bach, Brahms, Debussy, Schubert, Ravel, Stravinsky, Messiaen, à peu près la totalité de ce que l’histoire de la musique européenne compte comme compositeurs. Classiques, uniquement, à l’époque, s’il y avait du flamenco, ce qu’on appelait des «musiques ethniques», et du jazz, à l’antenne, c’était portion congrue, et, en ce qui concerne cette dernière catégorie, surtout ce qu’on appelait «les classiques»: Duke Ellington, Sidney Bechet, Louis Armstrong, Count Basie. On rappelle que le «s» à «musiques» de «France musiques» date seulement d’il y a  quelques années. 

Mais bon, je ne suis quand-même pas mécontent, et je remercie mes parents de m’avoir «a priori» pourvu d’un antidote assez précieux contre Aya Nakamura, Jean-Louis Murat, le Liminanas, Daft punk, et tous leurs innombrables collègues amusicaux. 

D’autant que cette ommniprésence radiophonique était complétée par Georges Brassens, Jacques Brel, Barbara, Anne Sylvestre, Serge Reggiani. Ce qui me garantissait aussi relativement contre l’inanité textuelle des anartistes précités.

Il y a deux œuvres dont je me souviens particulièrement. Avec une acuité qui les rend, parmi quelques autres, quasiment présentes de manière permanente dans mes oreilles. C’est bien simple, je crois que je pourrais les réécrire de mémoire.

Le concerto pour violon en ré, de Ludwig van Beethoven. Par le merveilleux Yehudi Menuhin, en l’occurrence. Et la symphonie n° 7 du même compositeur, dans la version d’Herbert von Karajan.

Puisque cette chronique n’a pour l’instant d’autre but que celui de raviver de vieux souvenirs, je me souviens même que je lisais, en même temps que j’écoutais cette musique, le livre de Pierre Clostermann, «le grand cirque», consacré à la vie d’un pilote de chasse de l’armée française, (lui-même, donc), pendant la seconde guerre mondiale. Je devais avoir une onzaine d’années. Et, sans me le formaliser précisément, je trouvais que cette musique, (surtout les deux premiers mouvements de la symphonie), accompagnait les péripéties des combats aériens avec un accord quasi-parfait. A tel point que, pour moi, ce livre était un film dont le malentendant le plus génial de l’histoire avait réalisé la bande-son.

Ludwig, je t’en veux. J’ai été enduit d’erreur pendant cinquante-cinq ans. En fait, cet andante, tu l’as fait pour accompagner le clip le plus sinistre de tous les clips jamais produits. Et, en plus, un petit homme qui exalte l’autre petit homme qu’était Napoléon, qui se targue d’histoire et qui ignore qu’en fait, cette symphonie avait été composée en soutien à l’armée autrichienne en train de zigouiller la grande armée en cours de retraite de Russie. Tout en pensant nous vendre un clip publicitaire vantant une France plus impériale que républicaine. Le tout sur un décor furieusement radio-Paris.

Pour terminer, last but not least, Barbara, que tu appelles à la rescousse dans ton chef-d’œuvre, n’a pas été sauvée par ton pote Pétain, (qui, quoiqu’en pense certain, était ici et pas tailleur … Hihi, pétain coud, c’est juste pour détendre un peu l’atmosphère), mais malgré lui. Par des vrais français, qui avaient choisi le camp de l’honneur.

Par Christophe Sibille

Par Christophe Sibille

Christophe Sibille a enseigné la musique à de futurs instituteurs durant 32 ans. Il a aussi écrit des brèves pour plusieurs journaux satiriques ou humoristiques dont Charlie Hebdo. Dans les années 80-90, il accompagna le duo Font et Val au piano. Il anime sur Radio Balistiq l'émission "Le Balistiq café" tous les jeudi 19 heures
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